Cannes Lions 2024 : "les médias doivent montrer qu’ils ont de la valeur" (Rob Bradley, CNN)
Rôle des médias, place des plateformes, arrivée de l'intelligence artificielle... Le senior vice-président digital revenue & strategy de CNN International Commercial fait le point sur les actualités du secteur publicitaire.
Rob Bradley appelle notamment les marques et les agences à s'engager dans une publicité plus responsable.
CB News : votre premier Cannes Lions était il y a presque dix ans. Comment l’événement a évolué selon vous ?
Rob Bradley : La première fois que je suis arrivée il y a 9 ans, le côté créatif (agences, marques..), qui reste central, prenait toute la place. Aujourd’hui, les boîtes de la tech ont énormément investi dans la manifestation. En répercussion, il y a aussi une présence plus importante des Américains. En tant qu’entreprise mondialisée, il faut embrasser et dialoguer avec ces acteurs.
CB news : Quels messages voulez-vous faire passer sur La Croisette ?
Rob Bradley : La publicité finance le journalisme que nous faisons. Il est important que les marques soutiennent, fassent confiance et apprécient ce journalisme dans un monde où la désinformation s’est répandue. Nous savons que le poids des plateformes devient de plus en plus fort. Dans ce contexte, les budgets publicitaires sont parfois difficiles à trouver. Pour les marques et les agences, il faut s'assurer de ne pas cesser de financer “l’open web”, surtout à une époque où le journalisme est si important pour le fonctionnement des démocraties. Nous remercions les personnes qui nous soutiennent, mais nous avons besoin de plus.
CB News : quel rôle pouvez-vous jouer pour convaincre le secteur ?
Rob Bradley : Les médias ont une responsabilité. Nous sommes également responsables d’être bons dans ce que nous faisons. CNN est une marque qui historiquement raconte le monde qui nous entoure. En plus de cela, nous pouvons offrir les mêmes informations aux marques que les plateformes. Il ne s'agit pas d'une compétition entre les médias et eux. La marque CNN dispose d’un important site d’information, mais nous nous appuyons également sur les réseaux sociaux. Il s’agit pour chacun de jouer sur ses points forts. Les médias doivent montrer qu’ils ont de la valeur.
CB News : les liens entre les médias et plateformes sont nombreux, comment garder sa dépendance ?
Rob Bradley : nous devons penser comme les entreprises de technologie et de données. CNN a développé il y a quatre ans un programme de data et analyse “Sam”, un studio de création de contenu “Create” qui utilise des outils d’Adobe par exemple... L’idée est de ne pas être trop dépendant d’un autre, d’avoir conscience des risques, et surtout d’avoir beaucoup de personnel formé.
CB News : dans quelle mesure CNN peut se prétendre comme une entreprise de tech ?
Rob Bradley : de façon générale, les médias sont toujours obsédés par les technologies. Depuis des années, CNN a une maîtrise de son audience sur son site à l’aide de la data et du “machine learning”. Nous devons apprendre les nouvelles innovations, les embrasser assez tôt et les adapter au mieux à notre travail. Quand une nouvelle technologie arrive, comme actuellement l’intelligence artificielle (IA) générative, l'objectif est de faire en sorte que les employés en interne soient prêts à apprendre une nouvelle compétence.
CB News : Comment voyez-vous l’arrivée de l’IA générative dans le marché ?
Rob Bradley : je suis connu pour être un optimiste. À l’arrivée de la publicité programmatique, il était dit que nous perdions notre travail, alors que l'industrie est devenue plus intelligente. Les équipes techniques sont toutes très intelligentes. Elles ont dû apprendre à maîtriser les plateformes de gestion de données puis le marketing programmatique... L’IA générative permet de faire un travail plus qualitatif et plus rapide autour de notre cœur de métier : raconter des histoires.
CB News : que représente le lancement de Max pour CNN ?
Rob Bradley : ce lancement nous permet de toucher une nouvelle audience dans le monde entier. Max fait partie de la famille Warner Bros. Discovery, ce qui permet de mutualiser nos forces en termes de technologie publicitaire. Nous sentons aussi un intérêt certain pour la CTV.