L’AFP va étudier une garantie d’indépendance éditoriale supplémentaire
L'Agence France-Presse "va étudier" une demande des représentants de son personnel visant à créer un droit pour la rédaction d'agréer à l'avenir la nomination du directeur de l'information afin de renforcer son indépendance éditoriale, a indiqué son PDG Fabrice Fries vendredi.
"A ce stade, pas de commentaire autre que nous allons bien sûr étudier cette demande", a réagi M. Fries. Un tel droit existe sous différentes formes, notamment dans les quotidiens Le Monde, Les Échos, Libération, ainsi qu'au sein du site Mediapart. Un droit d'approbation du directeur de l'information, nommé par le PDG de l'AFP, "permettrait de s'opposer aux tentatives d'ingérence éditoriale, voire politique" et "de conforter le ou la responsable de l'information en lui donnant une légitimité supplémentaire pour résister aux pressions", soulignent l'intersyndicale de l'AFP, sa Société des journalistes et les trois représentants du personnel au Conseil d'administration dans une lettre ouverte. Ce statut serait un gage d'"indépendance", pour ses promoteurs, alors que, "depuis plusieurs mois, l'indépendance des rédactions est devenue un sujet prégnant à tel point qu'elle est un des thèmes majeurs des Etats généraux de l'information lancés à l'automne". "Les Etats généraux de l'information doivent bientôt émettre des recommandations en la matière, qui pourront éclairer le débat", a d'ailleurs remarqué M. Fries. Un droit d'agrément au sein de l'agence d'information serait "un grand pas en avant, aussi bien en termes de démocratie que de modernité", estiment enfin les demandeurs.
L'AFP a un statut unique, issu d'une loi de 1957 : elle n'est pas une entreprise publique mais n'a pas d'actionnaires, ses clients, dont l'Etat, siègent à son conseil d'administration. Distinct, le conseil supérieur de l'AFP, composé de personnalités indépendantes, est chargé de veiller au respect du statut et des obligations de l'agence, dont celle de ne pas subir d'"influences" et de ne pas être contrôlée par "un groupement idéologique, politique ou économique". L'actuel directeur de l'information, Phil Chetwynd, a été nommé en 2019. Une proposition de loi de la députée écologiste Sophie Taillé-Polian, prévoyant la création d'un droit d'agrément pour la nomination des directeurs de la rédaction, a été rejetée en commission à l'Assemblée nationale en mars.