10 ans du DAB+ : le SIRTI réclame plus de moyens
Paris, Marseille, Nice. En 2014, ces trois villes sont les premières à bénéficier du déploiement du DAB+. Dix ans plus tard, la radio numérique terrestre couvre désormais près de 60% de la population métropolitaine. Pour poursuivre ce développement, le Syndicat des radios indépendantes (SIRTI) réclame plusieurs mesures. À commencer par la prise en compte par le gouvernement des dispositions de l’article 15 de la proposition de loi de Laurent Lafon relative à la réforme de l’audiovisuel. Un premier point concerne l’obligation d’avoir un terminal de réception radio FM et DAB+ dans les voitures neuves. Le second porte sur la fin de la vente des postes uniquement FM. Ces derniers représentent aujourd’hui près de 60 000 ventes par an sur le territoire. Comme indiqué dans le projet de loi, le syndicat demande aussi la réalisation par le Gouvernement « d’un rapport sur les possibilités d’aide à l’équipement des foyers et d’aide à l’investissement et au coût de double diffusion des éditeurs de radios et plus particulièrement de celles indépendantes et à faibles ressources publicitaire ».
Pour l’ensemble des radios, le coût de la diffusion en DAB+ s’élève à plus de 16 millions d’euros par an. L’Etat accompagne par exemple les radios associatives à travers une dotation spécifique du FSER. Mais les radios indépendantes, qui sont à près de 75% à recourir au DAB+, assument elles-mêmes leur financement. Lors d’un point presse le 17 mai, le président du SIRTI Christophe Schalk a souligné : « le besoin d’être soutenu par la collectivité, au sens large, par souci d’équité. » Le syndicat estime le coût de soutien nécessaire à près de 5 millions d’euros par an. Selon lui, cette aide peut se traduire par un crédit d’impôt pour la double diffusion ou par un dispositif d’aides directes.
Un meilleur maillage et éviter le décrochage pub
Le SIRTI souhaite également une technologie pour avoir un meilleur maillage du DAB+. Cela concerne notamment les zones de diffusion des multiplex locaux où un émetteur peut diffuser 13 programmes : la granularité est beaucoup moins fine que la FM. Ce manque de précision a un impact éditorial : un programme local ou ultra local s’adresse à un public géographique différent. Il existe également un risque de décrochage publicitaire : les demandes des annonceurs locaux ne se retrouvent pas toujours avec une offre radio adaptée à leur zone. Or, le financement du DAB+ repose essentiellement sur la publicité au sein du réseau du SIRTI. Un autre problème est soulevé par l’équipe de direction du syndicat : les mentions légales. Des annonces du gouvernement, d’environ 12 secondes, que les radios sont obligées de diffuser. Elles concernent par exemple l’organisation des Jeux olympiques ou encore les risques des paris sportifs. Elles « nous gênent beaucoup sur le fond et sur la forme », insiste le président du SIRTI qui explique que la FDJ a décidé de se retirer l’année dernière de la liste de ses annonceurs. « Nous déroulons le tapis rouge au Gafam. »
Faire connaître le DAB+ au grand public
Le SIRTI compte près de 180 radios et compte 8 millions d’auditeurs par jour. L’un des premiers objectifs du syndicat a été d’atteindre les 20% de couverture du territoire métropolitain, avant d’obliger les véhicules d’avoir un équipement DAB+, de développer des multiplex (qui diffusent plusieurs radios en DAB+), et la création de l’association Ensemble pour le DAB+. Nouveau chantier du SIRTI : faire connaître cette technologie au grand public. « L’enjeu est que les Français comprennent qu’ils sont sur le DAB+ dans leur voiture », cite par exemple Kevin Moignoux, secrétaire général du SIRTI. Une réflexion est également menée pour accompagner l’achat de poste DAB+ à domicile. Un travail est mené avec des enseignes comme la FNAC pour faire connaître ce type d’équipement.
En attendant, le syndicat attend la publication du Livre blanc de la radio de l’Arcom, dont les premières lignes seront dévoilées au SIRTI dès le 17 mai. Christophe Schalk espère qu’aucune « date d’extinction de la FM n'y sera annoncée puisque le marché n’est pas encore mature, en termes d’équipement et de perception de la part des auditeurs. »