Ultra et fast fashion dans le viseur du gouvernement

Vêtements

Christophe Béchu, ministre de la transition écologique et de la cohésion des territoires, a invité lundi 4 mars, divers acteurs de la filière textile, à assister à une conférence "De l'ultra Fast Fashion à la mode durable". Un fléau environnemental et social que ce modèle de production et de consommation. En effet, la production mondiale de vêtements a doublé en seulement 14 ans (entre 2000 et 2014), tandis que la durée de vie des vêtements a, elle, diminué d'un tiers. "Le gouvernement va soutenir la proposition de loi visant à pénaliser financièrement la "fast fashion" et à interdire la publicité de ses enseignes", a affirmé lundi le ministre. Cette proposition de loi est porté par la députée de Haute Savoie  Anne-Cécile Violland (Horizons). Le texte sera défendu par les députés du groupe Horizons le 14 mars prochain. "A partir de la fin du mois d'avril, l'idée est qu'on puisse avoir quelque chose qui puisse faire l'objet d'un décret" a précisé le ministre. Un "malus" - objet de l'article 2 de la proposition de loi - pourrait être appliqué. Il se situerait entre 20 et 50% du prix de vente pour ces marques de fast fashion.  Alors qu'il n'existe pas, pour l'heure, de "bonus" pour les marques produisant en France...Une consultation d'une public pourrait être lancée "mi-mars" concernant l'affichage environnemental pour le textile. Une idée qui pourrait intervenir début janvier 2025 sur la base du "volontariat". Un peu comme le nutriscore ou l'origine score dont on parle beaucoup pour les produits alimentaires. "Si les acteurs de cette industrie valident tout ça", une méthode permettant de "définir les critères de cet affichage sera alors définie" a encore précisé le ministre. Le premier article de la proposition de loi définira par décret ce qu'est la mode éphémère et les seuils permettant l'application de l'obligation d'information et de sensibilisation des consommateurs sur l'impact environnemental. 80 % des vêtements estampillés "fast fashion" finiraient à la poubelle selon l’association des Amis de la Terre. Soit l’équivalent d’un camion benne de textiles jeté ou incinéré chaque seconde....On peut certes louer  la volonté du gouvernement "d'assainir" le segment de la fast fashion en légiférant. Mais il existe déjà une loi datant de mars 2017. Celle sur le "devoir de vigilance" pour le respect des droits humains et environnementaux par les multinationales. Votée trois après l'effondrement du Rana Plaza au Bengladesh qui avait fait 1 135 morts et plus de 2 000 blessés. L’ONG Public Eye  soutient que " le modèle d’affaires de l’industrie textile n’a quasiment pas changé" avec des enseignes de la mode rechignant à "prendre de véritables mesures sur d’importantes questions comme celles des salaires et de la répression des syndicats". Enfin,  le gouvernement souhaite mettre en place "une coalition internationale pour interdire les exportations de déchets textiles vers les pays qui n'ont pas la capacité de les gérer durablement". Créant des catastrophes écologiques et humaine dans des pays d'Afrique - notamment au Kenya et au Ghana - où l'occident décharge ses poubelles de textiles. 

La pub interdite ? 

Enfin, Christophe Béchu a dévoilé que le gouvernement allait "faire une campagne de publicité ciblée contre la fast fashion", à l'image de celle des "dévendeurs" de l'Ademe (voir la campagne) qui avait "suscité un peu d'émotion" parce qu'elle visait "des boutiques physiques".  Cette campagne vantant la déconsommation avait suscité en fin d'année dernière l'ire des commerçants. La proposition de loi, envisage d'interdire la publicité pour tous les acteurs de la fast fashion. "Toutes ces marques ont un marketing agressif et intrusif" souligne la députée Anne-Cécile Violland, "notamment à destination des plus jeunes. Le seul moyen de les arrêter est de leur interdire la publicité et les placements de produits ". 

Shein réagit

"Dans sa forme actuelle, la proposition de loi ne porte pas sur l'impact environnemental de la mode, mais affecte le pouvoir d'achat des consommateurs français", a réagi Marion Bouchut, porte-parole de Shein en France dans un communiqué de presse (provenant d'Image7) envoyé juste après la conférence. Une proposition de loi  qui, selon elle, "cela aura pour impact immédiat de réduire le pouvoir d'achat de millions de Français, pénalisant les plus modestes, qui n’ont pas la capacité, dans le contexte inflationniste actuel, de dépenser pour des produits plus chers". Concernant le premier article - qui vise à définir ce qui est et n'est pas de la fast fashion - Shein dit être prêt "à afficher un message sur la page d'accueil de notre plateforme, mais nous demandons que ce message soit affiché sur les pages d'accueil de toutes les marques du secteur de la mode, mais aussi des entreprises de commerce électronique proposant des produits de mode, pour véritablement sensibiliser et "réduire l'impact environnemental de l'industrie textile", comme le souhaite le titre de ce texte". Concernant l'interdiction de la publicité, la chinoise Shein précise qu'il s'agit " d'une atteinte grave à la liberté d'entreprendre. Cela créerait un déséquilibre concurrentiel par rapport à d'autres acteurs qui ne tiennent pas compte de leur empreinte environnementale. De plus, interdire de la publicité, alors que l'éco-score entrera en vigueur dans les prochains mois, est une mesure radicale et excessive". 

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