Les réseaux sociaux ivres de pub

Alcool

C'est un vide juridique. La publicité pour l'alcool inonde les réseaux sociaux. 

Claude Evin n'a pas connu les réseaux sociaux. C'était il y a 33 ans ! Profitant d'un vide juridique, les industriels de l'alcool ont investi massivement les réseaux sociaux pour promouvoir leurs produits. Médias préférés des jeunes...

Au total, ce sont plus de 11 300 contenus valorisant l’alcool qui ont été repérés en moins de trois ans. Dans son rapport "Promotion de l’alcool : les réseaux sociaux, un nouveau Far West" rendu public aujourd'hui, Addictions France révèle comment les industriels de l’alcool se sont engouffrés dans ce vide là. Une seule mesure s’impose selon l'association : "l’interdiction totale de la publicité pour l’alcool sur les réseaux sociaux". Des parlementaires de plusieurs bords politiques ont partagé leurs points de vue sur ce sujet  lors d’une conférence organisée ce matin à la Maison de la Chimie pour présenter le rapport.

Une étude pointue

Depuis 2021, Addictions France analyse les publications faisant la promotion de l’alcool sur les réseaux sociaux dans le cadre d’un projet soutenu par le Fonds de lutte contre les addictions. Avec l’aide de son partenaire Avenir Santé, l’association a relevé des milliers de contenus qui valorisent l’alcool sur les réseaux sociaux, provenant tant d’influenceurs que de marques d’alcool. Au total, ce sont 802 marques qui ont été identifiées parmi lesquelles on retrouve Ricard, Heineken et Aperol. Autre exemple, repéré par Addictions France: celui du gin Bombay Sapphire, appartenant au groupe Bacardi-Martini. Avec 340 contenus relevés en trois ans, la marque s'est rendue en peu de temps extrêmement visible auprès de la jeunesse, souligne l'association. Pour toucher le maximum de personnes, ces marques choisissent souvent de s'associer à des influenceurs, qui acceptent des collaborations commerciales pour promouvoir leurs produits. A l'instar de l'influenceuse Lenasituations qui fait régulièrement la

promotion de l'alcool par des partenariats, auprès de ses 4,6 millions d'abonnés, pointe le rapport. Or quand les méga influenceurs, qui ont plus d'un million d'abonnés, arrivent à toucher des communautés très larges, les plus petits ont généralement une communauté très engagée. Dans son rapport intitulé présenté aujourd’hui lors d’une conférence , Addictions France revient sur les principaux enseignements de ce projet et de ses 30 ans de pratique de la loi Evin. 

Des jeunes de plus en plus exposés

Les réseaux sociaux, "grâce à des algorithmes toujours plus performants, permettent aux marques d’alcool de toucher de manière insidieuse une communauté plus jeune (et plus vulnérable), engagée et réceptive à leurs stratégies marketing. Cela, à travers des publicités qui s’immiscent dans les fils d’actualité ou entre deux stories, des contenus léchés et attractifs associant l’alcool à une émotion positive, et via des partenariats avec des influenceurs" précise le rapport. Le marketing de l’alcool est "omniprésent, interactif et disponible en permanence, avec un impact réel sur l’envie de consommer des plus jeunes". Selon une étude de L'École des hautes études en santé publique (EHESP) ,  79% des 15-21 ans indiquent voir des publicités pour de l’alcool toutes les semaines sur les réseaux sociaux, et 23% des adolescents avouent que les publicités pour l’alcool leur ont donné envie de boire. Une envie que l’on retrouve dans les tendances de consommation. Selon une étude de l'Observatoire français des drogues et des tendances addictives (OFDT) publiée en janvier dernier, près de 15% des élèves de 4e et 3e et plus d’un tiers des jeunes de 17 ans ont connu un épisode de binge drinking dans le mois précédent l’enquête.

L'association appelle maintenant l'ensemble du Parlement et le Gouvernement à "se saisir de cette question et à agir pour la protection de la santé des jeunes".

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