Made in France : un marché apprécié mais difficile à trouver
Si les Français sont en quête de marques françaises et que ces dernières sont de mieux en mieux perçues par les consommateurs, il semblerait qu’il soit encore difficile de trouver des produits exclusivement fabriqués dans l’Hexagone (par des petites et moyennes entreprises). Tels sont les résultats d’une étude Ifop menée en 2019 pour Fabuleuse French Fabrique et dont CB News vous dévoile aujourd’hui le détail.
56% des Français jugent difficile de trouver des produits fabriqués en France, selon la dernière étude publiée par l’Ifop pour Fabuleuse French Fabrique, la communauté des acteurs du Made in France, regroupant site média, site de e-commerce et réseau de boutiques pour mettre en relation acheteurs et vendeurs.
Des freins à l’achat des produits fabriqués en France
En effet si la perception du Made in France évolue favorablement auprès des consommateurs, notamment depuis 2013 comme le dévoilait dans une étude CLM BBDO pour une vision à l’international, l’enquête de l’Ifop, elle, dévoile qu’il existe malgré tout, des freins à l’achat de produits fabriqués sur le territoire. Cela qu'il s'agisse de produits d'épicerie, de décoration, de produits tech ou encore issus du textile et de l'habillement (enceintes en matériaux recyclés, jeans, etc).
À commencer par le prix qui en démotive plus d’un (57% d’interrogés) et qui varie selon les catégories socioprofessionnelles des profils : ouvriers (66%) ou personnes de communes rurales (64%), par exemple. Second critère constaté : la difficulté de trouver ces références (pour 56% des Français). Pour 35% des sondés, cela conforme également le problème lié à la distribution des produits. Enfin, en troisième frein à l’achat, la faible notoriété d’une marque ou d’une référence (28%) sur le marché. À ces critères s’ajoutent les offres trop réduites (24%) pour pouvoir se targuer de donner du choix aux acheteurs et un manque de confiance sur l’origine des produits (14%).
Des difficultés plus fortes en région et auprès des séniors
Autre tendance observée par le sondage : le fait que les Français portent une attention croissante au sujet du Made in France car ils sont soucieux du maintien de l’emploi local et du respect de l'environnement (bio, labels, bien-être animal, éco-consommation, etc) mais, que de façon paradoxale, le système de distribution apparaît comme un frein majeur au développement du Made in France (circuits courts / longs pas toujours bien gérés).
Quant au type de consommateurs qui recherchent des produits fabriqués localement (en petite et moyenne entreprise), il semblerait que les jeunes y soient plus enclins contre les plus de 65 ans (69% s’en sentant écartés). Sans surprise, la région parisienne semble également plus dynamique que d’autres régions françaises, à ce sujet.
Région parisienne vs reste de la France, l'écart se creuse
Moins de la moitié des Français, (44%) estime qu’il est facile de trouver des produits de PME engagées dans la production Made In France, poursuit le document. Des disparités régionales sont également observées avec une nette différence entre la région parisienne et le reste du pays. Les habitants des régions Sud-Ouest et Nord-Est estiment ainsi, avoir plus de difficultés que les autres à trouver ces produits (respectivement 68% et 59% trouvent que c'est difficile) alors que ceux qui vivent en région parisienne ont davantage de facilités (52%). Alors comment réduire cet écart ? Quelles solutions mettre en place pour favoriser le talent Français ?
La réponse réside en plusieurs défis : comprendre les inquiétudes des consommateurs ainsi que les raisons pour lesquelles ils ne consomment pas certains produits. Certains, par exemple, ne connaissent tout simplement pas l’activité de certaines entreprises, alors que d'autres n'en ont jamais entendu parler. Ou bien ces PME et TPME ne communiquent pas assez avec leurs cibles. Comme l'explique Stéphane Devulder, fondateur de Fabuleuse French Fabrique joint par téléphone : « Il y a des entrepreneurs mais ça ne doit pas être le parcours du combattant pour les consommateurs, de trouver ces produits. Et puis, si certaines entreprises misent toute leur stratégie de communication sur le digital, les clients ont encore besoin de se déplacer pour découvrir physiquement les produits et les toucher. Il y a des activations sur les réseaux sociaux mais tout le monde n'est pas touché car certains sont moins digitalisés que d'autres. »
Favoriser le MIF, ou repenser la distribution
Pour concrétiser le changement culturel du Made in France, Fabuleuse French Fabrique pense en tout cas, qu’il faut réinventer de nouveaux modes de distribution et travailler de façon plus « humaine » pour créer des chaînes de valeur et porteuses de sens pour les consommateurs. La solution de Stéphane Devulder, qui voit souvent des clients perdus et hésitants sur les stands de divers salon mettant à l'honneur la création et le savoir-faire français ?
« Créer un annuaire car même s'il y a des magazines spécialisés, les consommateurs doivent pouvoir identifier facilement les produits. Il y a aussi un besoin d'une distribution dédiée. C'est pour cela que nous allons lancer un réseau dédié, un réseau qui accompagnera les consommateurs à cet effet. La bonne nouvelle, c'est que les labels se développent et qu'il n'y a pas de défiance des Français en termes de communication. C'est sur la question de l'accès au produit physique qu'il y a un problème. Les consommateurs doivent être en mesure d'acheter ces produits Made in France non pas de manière occasionnelle mais plus souvent ». Ainsi, quand on est une entreprise en développement, il faut être « multi-canaux ». Enfin, côté étalages en grandes surfaces, le Made in France est encore trop discret en termes de lisibilité.
Le MIF trop discret en grande surface
« Dans l'agroalimentaire, le Made in France est noyé dans la masse des rayons. Pareil pour ce qui est de l'origine France», poursuit Stéphane Devulder. Quant aux marques émergentes, notre interlocuteur citera 1083, les enceintes Pavé Parisien, ou encore Le chocolat des Français, ayant ouvert sa première boutique à Paris en novembre dernier.
Méthodologie : Terrain d’étude du 6 au 8 novembre 2019 ayant choisi pour cible, des Français âgés de 18 ans et plus, représentatifs de la population nationale. 1001 personnes.