L'Influence Marketing en 2021 selon Kolsquare
4 milliards de personnes dans le monde utilisent les réseaux sociaux pour une durée moyenne de 2h et demi par jour. Preuve que le marketing d'influence à tout intérêt à utiliser ce levier ; tant pour faire connaître les influenceurs (dits "créateurs de contenus"), que les innovations des marques qui s'y convertissent pas à pas (et vont vers le digital). Un sujet décrypté par Kolsquare, l'agence qui relie les marques et les influenceurs, autour d'un webinar, mardi 19 janvier, aux côtés de Kantar, Pinterest et Médiabrands.
Les grands gagnants de l’année 2020 sont les réseaux sociaux ! Utilisés par les jeunes, tout particulièrement pendant la crise sanitaire en guise de "refuge" et de plateformes d'échange, (inspiration, conseils, mode), ils ont également été très plébiscités par les annonceurs (sur Instagram, TikTok, Twitch). Selon Kolsquare, jusqu'à 35% des professionnels du marketing d’influence prévoient d'y déployer leur vitrine virtuelle au cours de l'année prochaine ; soit d'y réaliser/ diffuser une campagne (sur YouTube 58%,sur Instagram 55% et sur Twitch, 20%).
La raison de ce choix ? Un gain de temps, d'authenticité du discours et une visibilité démultipliée grâce à la viralité du contenu et l'utilisation de mots clés. Et des créateurs de contenus de plus en plus professionnalisés et encadrés par des méthodologies de transparence /régulation des pratiques (type charte de l'ARPP, ou Task Force avec l’Interactive Advertising Bureau sur une initiative de Kolsquare, notamment). Pourquoi ? Pour réunir les principaux représentants de l’industrie (réseaux sociaux / agences médias et communication, agences d’influence marketing / plateformes d’influence marketing,…) dans le but de travailler ensemble sur l’élaboration de lignes directrices, de partage de bonnes pratiques, de définitions et références claires de ce qu’est l’influence et des acteurs qui composent cet écosystème. Les différentes parties prenantes de cette TaskForce sont en collaboration directe avec l’IAB Europe pour étendre ces travaux. En matière de professionnalisation d'ailleurs, ils et elles, sont de plus en plus nombreux à se plier aux règles. Comme l'indique Mohamed Mansouri, directeur délégué de l’ARPP, " 55% des campagnes analysées comme sponsorisées, témoignant ainsi de la réalité des progrès réalisés par la profession et apportant la preuve que le marché se professionnalise, mais aussi qu’il reste encore des efforts à fournir". Avec des fonctionnalités de plus en plus développées, pour convenir aux besoins de ces annonceurs (option shopping pour Instagram, filtres, réalité augmentée, etc).
Le confinement aura également été propice à la création de contenus inspirants (soutien à diverses causes, etc.), permettant là encore d'apporter du sérieux aux publications des créateurs de contenus (écologie, soutien aux restaurateurs, gestes barrière, communications gouvernementales déployée par les jeunes, etc). Et ce, jusqu'à solliciter l'intérêt de l’ONU et de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), d'ordinaire moins habituées à suivre les KOLs, pour déployer des messages à destination du grand public. Sans oublier les leaders d'opinion non humains... et virtuels, comme celui de la marque Yamaha en 2007 au Japon, pour faire la promotion de Vocaloid, son logiciel de synthèse vocale. Ou encore Knox Frost (900 000 abonnés), un jeune homme de 20 ans qui vit à Atlanta mais dont on ne sait pas grand-chose, qui n'est autre qu'un avatar virtuel (ou bien un influenceur numérique) conçu de toute pièces par l'Organisation mondiale de la santé.
Tout commence par une juste mesure
Rien ne sert de travailler dans l'influence (un marché qui pourrait atteindre, d'ici 2022, les 15 milliards de dollars), si l'on ne mesure pas à l'avance, les retombées de son projet et plus précisément de sa campagne. Le but étant de se poser les bonnes questions après une diffusion, telles que " ma campagne a-t-elle fonctionné? ", "Comment faire mieux la prochaine fois ? " ou encore "Quels sont les points à améliorer ?". Cela en utilisant par exemple de la modélisation de données, ou encore en passant par le Machine Learning, ou encore du ciblage, pour savoir quelle campagne sera la plus pertinente ou non, et en fonction de quel profils. De quoi devenir le parfait employé du mois en matière de retour sur l'investissement !
À ce sujet, Kolsquare conseille aux annonceurs de penser à l'avance à "L’Earned Media Value", une mesure clé pour comprendre les retombées d’une collaboration. " Le taux d’engagement d’un créateur de contenus, la portée d’un post ou encore le taux de conversion sont des éléments de mesure essentiels pour une campagne de marketing d’influence, mais ce ne sont pas les seuls. Les publications sur les réseaux sociaux regorgent de données à analyser pour avoir des retours concrets sur l’investissement d’un annonceur. Dans cette logique, un autre outil a été développé par les différentes plateformes. Il s’agit de l’Earned Value Media, soit l’EMV. Ce chiffre correspond à la valeur d’une marque calculée à partir des publications sur les réseaux sociaux, les blogs ou encore des plateformes d’avis clients (Yelp, TripAdvisor) qui ne correspondent pas à des posts sponsorisés via du social ads. Cette information offre aux annonceurs une plus grande visibilité sur leur travail mené sur les réseaux sociaux. Chaque donnée sociale d’une publication engendrée par un tiers, la plupart du temps un créateur de contenus, a son importance pour l’EMV. Le calcul est réalisé en prenant en compte la portée des publications (nombre de clics, nombre d’impressions et de vues...) ainsi que l’engagement réalisé autour de ce post (nombre de like, de commentaires, de partages...). Le tout se traduit en score ou en monétisation (1 euro est égal à un like, un clic à 2 euros, un partage à 3 euros …). Pour rendre ce calcul plus accessible, de nombreuses plateformes d’influence l’ont intégré à leurs reportings de performance disponibles à la fin d’une campagne. Les retombées sont accessibles, chiffrées et permettent d’avoir plus concrètement le retour sur investissement d’un projet d’influence. Avec la Task Force menée par l’IAB, ces calculs vont devenir similaires d’une plateforme à une autre", peut-on lire dans le document.
Dans ce contexte, Bérengère Weber, directrice de la marque et de la communication de Kolsquare, co-pilote de la Task Force Influence Marketing de l’IAB, souligne que " L’influence, ce n’est pas (que) de la performance. C’est aussi un levier pour l’image d’une marque et de ses produits, sur le long terme. Il faut imaginer une nouvelle façon de mesurer les effets d’une stratégie d’influence, qui aille au-delà des likes, des vues... Le lien affinitaire et émotionnel établi entre l’influenceur et sa cible est un outil puissant au service de la mémorisation et de l’image de la marque. L’enjeu de demain sera d’analyser via l’Intelligence Artificielle, les émotions véhiculées par les contenus des influenceurs, la tonalité, la viralité et d’en associer l’impact sur l’image des marques et les intentions d’achat".
la stratégie de la marque employeur
Au delà des KPI's, Kolsquare indique aussi que pour mener à bien ses projets sur ce nouveau marché de l'émotion et de la recommandation (via des ambassadeurs de marque), il faut à l'avance bien choisir les partenaires qui représenteront la marque en question. Puisque l'on peut désormais entrer en contact avec les consommateurs de manière différente (découverte, immersion , gaming, achat ) sur les réseaux sociaux, il faut trouver celles et ceux qui partageront les mêmes valeurs de la marque. Certains, plutôt que de faire appel à des influenceurs externes, le font en interne. Notamment en diffusant des témoignages de leurs collaborateurs et collaboratrices sur les réseaux sociaux pour favoriser le recrutement, comme au sein du groupe Kellog's France, par exemple (stratégie de marque employeur).
Marques, clients, influenceurs, quelles relations entretenir ?
À ce sujet, bon nombre d'entreprises n'hésitent pas à se doter d'un collaborateur imaginant la communication adéquate sur les réseaux sociaux pour atteindre un objectif de ventes, de notoriété ou encore d’amélioration de l’image de marque ; un community manager dans le plus commun des cas, ou d'un social media manager. Enfin, certaines d'entre elles préfèrent monter un pôle dédié à l'influence avec des profils de directeur ou directrice de l'influence. Depuis mai 2020, une directrice de l’influence existe chez Chanel par exemple, chargée de la stratégie et de la coordination internationale. Plus récemment, depuis juin 2020 cette fois-ci, Coty s'est entourée d’un profil similaire pour mener les mêmes actions. En bref, le marketing d’influence a de plus en plus d'ampleur au sein de ces structures. L'objectif étant, non seulement de clarifier la communication interne (synergie des pôles) mais aussi de permettre à la marque de mieux communiquer avec les influenceurs avec qui elle souhaite travailler.Tel est le cas d'Orange qui en fait une priorité "Il est très fréquent de voir les influenceurs revenir vers nous pour obtenir d’autres précisions sur notre ADN et ce, même si nous passons par une agence. Il n’y a, à mon sens, personne de mieux placé que nous pour parler de notre univers de marque et de nos valeurs", explique Sylvain Bruno, directeur des relations médias et de l’influence digitale d’Orange.
Pour autant, même si la relation marque-influenceur peut-être privilégiée, pas question d'imposer des choix éditoriaux à un créateur ou une créatrice de contenus. Parmi les "must-have d’une collaboration réussie à retenir", poursuit Bérengère Weber, "avoir conscience qu’il ne s’agit pas d’un touchpoint marketing mais d’une véritable relation humaine qui s’appuie sur la confiance et l’authenticité si l’on souhaite que cela se ressente réellement auprès des communautés. Il est essentiel de s’assurer que le créateur de contenus est en réelle adéquation avec l’ADN de la marque et, dans le même sens, il est tout aussi important de respecter l’ADN même des influenceurs. S’associer à un influenceur, ce n’est pas lui imposer une façon d’écrire, de filmer ou de s’exprimer, c’est laisser place à sa créativité, son univers pour permettre davantage d’engagement, et par conséquent, de meilleurs résultats. La construction de relations pérennes entre marques et KOLs évoquent avant tout les grands principes du Brand Safety et de l’Influencer Safety".
Micro-influence pour maxi gain
Enfin, Kolsquare indique que ce n'est pas la taille du réseau qui compte, lorsqu'on est influenceur, mais la pertinence et l'authenticité des contenus que l'on choisit de partager à sa communauté. Là encore, les chiffres sont parlants en matière de préférence de profils sur le marketing d'influence : 40% des collaborations entre les KOLs et les marques durant le confinement ont été effectuées par des nanos et des micro-influenceurs. Des personnalités cumulant généralement moins de 50 000 abonnés sur leurs réseaux sociaux, en mesure de répondre à l’ensemble des sollicitations (messages, mails et commentaires) et par conséquent, d'entretenir des liens de proximité avec leurs abonnés. De quoi facilement les identifier, loin de la vie sous les projecteurs et les paillettes. C'est la stratégie qu'aura d'ailleurs employée Aqua Mobile, une marque de téléphonie indienne, en se constituant un groupe de micro-influenceurs avec qui elle collabore régulièrement. Et qui sont considérés, non pas comme des créateurs de contenus, mais comme des " Alpha consumers", soit des profils qui ressemblent aux consommateurs cibles de la marque, ayant le pouvoir de faire des retours sur les dernières nouveautés. Enfin, en plus de tester divers produits, ils font gagner à l'annonceur de la popularité sur les réseaux sociaux. De quoi rendre la marque doublement gagnante ; tant avec des outils de communication, qu'avec des retours concrets pour l’aider à améliorer son/ses produit/s.
Zoom sur l'émergence du gaming
En plus de donner des clés de réussite aux annonceurs, Kolsquare leur indique aussi que 2021 sera l'année du gaming. Un marché de niche à l'origine, qui séduit de plus en plus de marques souhaitant créer du contenu attrayant à destination des consommateurs. "Ceux qui le faisaient étaient considérés comme des ultras geeks. Aujourd’hui, le gaming est plus répandu, plus populaire et va continuer de s’ouvrir de plus en plus. La génération née avec les jeux vidéo, celle des années 90/95, en grandissant, va atteindre des postes à responsabilité. Ces personnes-là ne décrédibiliseront plus le jeu vidéo et son image va forcément en être améliorée", explique notamment Adrien Nougaret / @ZeratoR, streamer et entrepreneur dans l’univers du gaming.
Aussi, 7 internautes sur 8 dans le monde jouent à des jeux en ligne (hommes et femmes). De leur côté, les marques s'en servent pour mettre en place des jeux concours ou des opérations caritatives (reverser des dons à des associations, par exemple). Puis, le gaming se démocratise et s'ouvre à d'autres milieux. Marie Lopez (@EnjoyPhoenix), connue pour ses vidéos de beauté, se sera elle-même lancée pour la première fois sur Twitch en novembre 2020, sur World of Warcraft. Cette dernière n'étant pas la seule YouTubeuse lifestyle à avoir cédé à la tentation. Aux États-Unis, le vidéaste James Charles, connu pour ses maquillages ou encore Michelle Phan, première influenceuse vidéo dans la même thématique, ont profité du confinement pour s’essayer à ce nouvel exercice. Et s’ils n'y viennent pas parler de beauté, les marques n’hésitent pas à les solliciter pour qu’ils le fassent. Autre cas : celui de Michelle Phan qui, en octobre 2020, a partagé en pleine partie de League of Legends, le nouveau fond de teint Daydream Cushion d’Em Cosmetics; un lancement produit plus performant de 278% par rapport aux autres, générant alors 45% du trafic vers le site et 17% des ventes grâce à ses 3h et demi de live. Preuve que l'on peut croiser diverses expertises autour d'une visée commerciale.
Les réseaux sociaux sont l'avenir du commerce
Que déduire de cette démocratisation des outils digitaux ? Que la crise sanitaire a bouleversé nos habitudes, à commencer par nos achats. L’année 2020 enregistre pour le moment des chiffres records dans l’e-commerce. Le secteur devrait d'ailleurs peser 100 milliards d’euros cette année avec 2 milliards de transactions enregistrées. Aussi, pour aider les commerces physiques à engager leur transition vers un commerce social, (c’est-à-dire via les réseaux sociaux), les plateformes auront été nombreuses au cours des derniers mois, à dévoiler des nouvelles fonctionnalités. Ainsi, il est désormais possible, pour les entreprises, de glisser un lien renvoyant vers une page d’achat dans chacune de leurs publications. Un onglet “boutique” est accessible depuis l’application où l’on retrouve une sélection de posts provenant de marques pour s’inspirer et se faire plaisir. Du côté de TikTok, les liens marchands renvoyant les utilisateurs vers une page de ventes est une option qui manque encore aujourd’hui. YouTube est également en discussions avec Shopify pour insérer des liens dans les vidéos des KOLs.
Les plateformes jouent le jeu pour annonceurs et créateurs
Enfin, chez Pinterest, le contenu est toujours roi. Les épingles les plus attrayantes attireront les potentiels clients des e-commerçants, sachant que sur chaque post, un lien est ajouté pour renvoyer vers la page de ventes. " Nous offrons un espace positif où enregistrer des idées et les concrétiser par opposition à une plateforme conçue uniquement pour du divertissement. Un contenu nouveau, pertinent, utile contribue à accroître l’usage de la plateforme. À cet égard, les créateurs sont au cœur d’un contenu de qualité. " Nous cherchons constamment les meilleurs créateurs, designers, experts et développons un environnement qui propose leurs idées aux personnes les plus susceptibles de les réaliser et pas simplement de les contempler. Sur Pinterest, les idées partagées par les créateurs de contenus sont effectivement réalisées. C'est le cas avec une spécificité de créateurs, comme Marie, des @Tribulations de Marie, quand elle partage un tutoriel d’aquarelle, ou @Cyril Rouquet, quand il partage une recette de sablés de Noël. Les créateurs de contenus sur Pinterest aident les utilisateurs à passer de l’inspiration à l’action, il est évidemment très pertinent pour les marques de venir ajouter de la valeur à cette équation toaut particulièrement dans les domaines de la maison, de la cuisine, du DIY, du bien-être, du style et de la beauté", explique notamment Mathilde Jaïs, head of growth operations de Pinterest France, South Europe & Benelux. "Notre ambition est de créer un espace où faire du shopping en ligne - pas simplement où acheter. Pour nous, le shopping, c’est bien plus que la recherche d’un produit en particulier. Il s’agit d’inspirer de nouvelles idées. Depuis l’année dernière, nous déployons de nouvelles fonctionnalités à destination des utilisateurs et des marques comme Catalogue, les recommandations shopping personnalisées et un nombre croissant d’Épingles achetables. Objectif : faciliter le passage de l’inspiration à l’action, repérer quelque chose sur votre écran et pouvoir l’acheter.Et en septembre dernier, nous avons annoncé aux États-Unis une série de fonctionnalités dédiées aux créateurs incluant les Épingles Story en version bêta. Les Épingles Story constituent le meilleur moyen d’accroître naturellement (organiquement) leur audience sur Pinterest. Ces nouvelles Épingles leur permettent de raconter des histoires immersives mêlant vidéos, images, textes et sons. C’est la meilleure façon de partager leurs idées. Qu’ils s’agissent de tutoriels beauté ou DIY, d’une liste de conseils de voyage ou d’une recette de cuisine, les Épingles Story inspirent les utilisateurs et les encouragent à tester les idées des créateurs. Enfin, Pinterest va bientôt déployer en France ces nouvelles fonctionnalités qui permettront aux créateurs de contenu d’inspirer encore plus nos 17 millions de visiteurs mensuels uniques".
De quoi attirer l'oeil des consommateurs et les inspirer tout au long de l'année pendant leurs heures de shopping virtuel. Aussi, en l’espace de quelques mois, le commerce social est devenu une habitude. Sur 41 millions de Français actifs sur Internet au 2e trimestre 2020, 71 % ont effectué des achats sur des sites e-commerce disposant de magasins physiques. Alors, il faudra s'attendre, d'ici Noël 2021, à des achats majoritairement faits en ligne (et probablement via un réseau social). Et cela, les DNVB (Digitale Native Vertical Brand), l'ont bien compris.
Autres exemples dans le monde : en mars 2020 en Chine, 710 millions de personnes ont fait des achats en ligne et qu'environ 265 millions d’entre elles, aient acheté en regardant la diffusion d’un direct sur les plateformes de e-commerce, ce qui représente 47% des utilisateurs qui ont visionné un live. Aussi, devant un tel succès, le concept commence à faire son entrée en Europe. Avec AliExpress qui met à disposition des créateurs de contenu, une plateforme de live (AliExpress live) accessible gratuitement à tous. Enfin, depuis juillet 2020 aux États-Unis, Amazon a réuni un groupe de bêta testeurs composés exclusivement de KOLs pour essayer le concept auprès de leurs audiences et voir ce qui fonctionne. Au même moment, Google dévoilait Shoploop, une plateforme de live dédiée au shopping permettant aux créateurs de contenus d’apposer des liens d’affiliation sous leurs directs pour se dégager un revenu supplémentaire.
Sans oublier TikTok, qui pour attirer les entreprises, aura lancé en juin 2020 une plateforme, TikTok For Business, pour venir épauler celles qui souhaitaient se lancer dans l’aventure. Pour les annonceurs, 5 formats publicitaires d’une durée maximum de 60 secondes ont dans ce but, été développés. Et puis, TikTok conseille les annonceurs sur la conception de leur campagne via l’espace « TikTok Creator Marketplace ». À la rentrée scolaire, Clairefontaine a par exemple sollicité cette aide pour sa collaboration créative avec Flashboy. L'application au logo en forme de note de musique aura également le mérite de penser au financement de ces créateurs qui la font vivre avec, en juillet dernier, la création d’un fonds à destination des créateurs de contenus européens les plus influents et les plus déterminés (60 millions d’euros). L'objectif étant, d'ici trois ans, de réunir 255 millions d’euros. Enfin, l'on peut citer l'application Triller. Créé en 2015 et récemment racheté par la société de production américaine Proxima Media, Triller propose à ses utilisateurs de partager des vidéos courtes dynamisées par de la musique. Charli d’Amelio, la TikTokeuse américaine la plus suivie sur l’application (près de 100 millions d’abonnés) vient d’y créer son profil, de peur que TikTok ne disparaisse outre- atlantique. En France, le chef Juan Arbelaez s’y est aussi engagé pour publier du contenu original sur la cuisine. Et en septembre 2020, l’application enregistrait 800 000 téléchargements dans le monde contre 23 millions pour son principal concurrent ! Et en 2021, App Annie prévoit 1 milliard d’utilisateurs actifs chaque mois du côté de ByteDance ! Le petit plus de Triller par rapport aux autres applications du marché ? Celui d'avoir lancé "CrossHype"; une fonctionnalité destiné aux annonceurs, aux créateurs de contenus mais également aux agences qui souhaiteraient acheter de l’espace influence comme n’importe quel autre média.
En conclusion, si la crise sanitaire aura eu un impact sur le métier de l’Influence Marketing, elle aura aussi permis de rendre les annonceurs et les créateurs de contenus plus agiles dans leurs pratiques et plus créatifs. "Auparavant, le levier de l’Influence était surtout activé pour faire de la notoriété, là où aujourd’hui, les marques s’en servent désormais comme un réel canal d’acquisition. Concernant les influenceurs, certains ont été plus touchés que d’autres par cette crise sanitaire. Notamment les KOLs (Key Opinion Leaders) voyages dont l’activité a été stoppée net dès le début de la crise. Cela les a forcés à se réinventer et à créer de nouveaux types de contenus pour leurs communautés. Beaucoup d’influenceurs se sont également engagés sur les sujets de lutte contre la Covid-19 en diffusant les bons messages de prévention à leurs communautés. Ils ont montré qu’ils pouvaient réellement aider à transformer les choses en mettant leur large pouvoir de prescription en avant. Quelque part, on peut dire que cela a redoré le blason d’un métier longtemps galvaudé et critiqué ", explique Quentin Bordage, fondateur et CEO de Kolsquare. Aussi, pour l'année à venir, ce dernier conseille aux annonceurs désireux de se faire connaitre, d' "investir plusieurs plateformes sociales. Elles répondent à des objectifs différents et permettent de cibler des personnes différentes. Pour Youtube, il va s’agir d’une plateforme idéale pour les marques qui souhaitent travailler sur la notoriété, là où Instagram, TikTok ou Snapchat vont proposer d’autres formats plus courts et divertissants. On retrouve, par ailleurs, beaucoup d’innovations d’Influence Marketing sur ces plateformes". Aussi, " Lorsqu’une marque décide d’activer un KOL, elle ne l’active pas uniquement sur un réseau social mais bien sur toutes les plateformes sur lesquelles ce même KOL est présent". Ce dernier conclura par ailleurs sur le fait que l'influence est un levier à part entière : "Un autre challenge important à prévoir pour les marques est l’intégration elle-même de l’Influence Marketing avec leurs différents outils et solutions internes (CRM, plateformes d’e-commerces, solutions d’affiliation,...), en prenant en compte que chaque plateforme sociale n’offre pas les mêmes fonctionnalités à ses utilisateurs. Tout cela sera surtout caractérisé par le fait de réaliser l’ensemble de cette collecte de données de manière harmonisée et de pouvoir ensuite la comparer avec les autres outils de mesure que les marques utilisent déjà".
Quelles prévisions pour 2023 ?
Au vu des tendances repérées l'année passée, Kolsquare conclura sa présentation par quelques prévisions à l'horizon 2023. A commencer par une raréfaction des données, la plupart des plateformes mondiales ayant déjà mis en place des stratégies pour limiter l’accès des tiers à leurs données. Sous le couvert de la protection des utilisateurs, les plateformes réduisent désormais davantage la possibilité de profiler leurs utilisateurs. Et les médias sociaux incités à limiter l’accès des tiers à leurs données et à lancer leurs propres initiatives de marketing d’influence afin de capter les énormes budgets qui passent par leurs technologies. Vient ensuite l'ère du CIO (chief influence ogficer) ou l’affirmation du Marketing d’Influence comme un domaine à part entière, transversal aux différentes fonctions de l’entreprise, entrainant au fur et à mesure la création de postes tels que CKO (chief kOL officer), ou COLO (chief opinion leader officer). Troisièmement, le “Tous influenceurs” ou l’utilisation et la promotion de 100% des parties prenantes (employés, clients, fournisseurs, actionnaires) de l’entreprise comme des leaders d’opinion clés (autopromotion sur les réseaux personnels par exemple). Avec, par exemple, en B2B, la possibilité que les marques puissent s’associer à leurs clients pour optimiser leur pouvoir sur les médias sociaux en tant que KOLs. En quatrième partie, la fin de l'amateurisme dans le milieu. Avec des organisations professionnelles, comme l’Interactive Advertising Bureau (ou IAB), mais aussi les syndicats de marques (comme l’Union Des Marques ou UDM en France) qui mènent, à l'heure actuelle, des réflexions sur le thème du du marketing d’influence pour aider les marques à définir un cadre professionnel à leurs pratiques du marketing d’influence. Enfin, les professionnels de la communication devront prévoir une “Influence at Scale”, ou l’essor des collaborations entre annonceurs et KOLs (Key Opinion Leaders), en termes de volume et de complexité. Sixième tendance, l'Influence ROIste sera l'affaire de tous; l’Influence alors considérée comme un média. Et pour finir, un virage entrepris sur le marché de l'influence marketing avec la mise en place de "KOLtent Factory", soit l'essor de contenu très diversifiés, voire exclusifs (photos, vidéos, mais aussi collections capsules, menus, guides de voyages, etc) pour permettre aux marques de concurrencer leurs adversaires en un rien de temps. Les contenus produits par les KOLs pour les marques, autrefois éphémères, sont désormais envisagés comme exploitables sur la durée. En bref, c'est dans l'influence marketing qu'il faudra investir au cours des prochains mois et des prochaines années, pour rester dans la course du digital et du e-commerce.