Les CEO français pris entre course à l’IA et à l’ESG
Des dirigeants conscients, volontaires et pragmatiques
Il y aurait peut-être un petit quelque chose de contre intuitif, à l’heure où le mot « crise » se retrouve sur toutes les lèvres… Et pourtant, 92% des dirigeants mondiaux envisagent d’augmenter l’effectif global de leurs équipes, soit le chiffre le plus élevé depuis 2020, selon la 10ème édition de l’étude mondiale CEO Outlook de KPMG conduite auprès de 1 325 dirigeants (dont 75 dirigeants français) 25 juillet au 29 août 2024. Tout de même, ceux-ci mettent en avant l’incertitude économique, l’instabilité géopolitique et la course à l'IA générative en tant que principales dimensions de pilotage stratégique prioritairement prises en compte
Dans ce contexte, quid de la France ? La course à l’intelligence artificielle s’impose comme l’enjeu n°1 pour 57% des CEO français en 2024 contre 15 % en 2023. 59 % des dirigeants français se disent prêts à investir dans l’IA malgré les incertitudes économiques. De même, 64% des CEO de l’hexagone (vs 72% au niveau mondial avancent un sentiment de responsabilité élevé, « exprimant même ressentir une pression accrue qui porte cette année sur la stratégie de développement à long terme de leur entreprise », pointe l’enquête. Ainsi, 100 % d’entre eux se sentent-ils investis de cet impératif d’adaptation et dessinent deux leviers de croissance pour les trois prochaines années : l’innovation et la croissance externe. Tandis que 83% des entreprises françaises envisagent de procéder à des acquisitions, 31% des dirigeants optant pour des opérations de M&A et 27% privilégiant les alliances stratégiques. Des tendances liées à la perte de confiance concomitante dans l’action publique : 75 % des dirigeants français (vs 60% des dirigeants mondiaux) sont d’accord pour dire qu’à mesure que la foi dans les gouvernements diminue, « les citoyens se tournent vers les entreprises pour palier un déficit d’action en matière d’inclusion, de diversité, d’équité, de changement climatique ou encore de justice sociale », relève-t-elle encore. Puis, le dit « paradoxe français » : alors qu’ils sont très optimistes sur leurs perspectives intérieures de croissance et sur celles de leur propre entreprise (à 85%), les dirigeants économiques français se montrent plus prudents que les CEO internationaux quant aux perspectives de croissance mondiale. En 2024, 72% des dirigeants mondiaux sont confiants sur les perspectives macro-économiques, contre 68 % des dirigeants français, en chute de 13 points par rapport à 2023 (81%).
Côté ESG (Environnement, Social et Gouvernance) ? Si 80% des dirigeants français jugent l’ESG de mieux en mieux intégrée à la création de valeur économique de leur entreprise, c’est également un enjeu de compétitivité pour eux. Sa non-intégration pourrait même, pour 28% d’entre eux, donner un avantage à leurs concurrents, 24 % des CEO mondiaux ayant une analyse identique de ce risque. Plus étonnant, 69% des dirigeants économiques français se déclarent prêts à prendre position sur un enjeu critique, social ou politique, y compris contre la recommandation du conseil d‘administration. De plus, 55% des dirigeants français ont maintenu leur stratégie climatique au cours des douze derniers mois. Toutefois, tempère l’étude CEO OutLook de KPMG, 66% d’entre eux indiquent ne pas être en capacité à répondre à toutes les attentes de leurs parties prenantes, 30 % identifiant la décarbonation de leur chaîne d’approvisionnement comme le plus grand obstacle à leur ambition. Enfin, sans conteste ou presque, l’initiative sociale et sociétale fait consensus : 83% des dirigeants français se retrouvant autour de l’idée d’encourager la mobilité sociale. 56% décrivent une évolution trop lente de l’entreprise en matière d’ouverture sociale et de la diversité dans l’entreprise. 76% affirment même que les entreprises se doivent d’investir prioritairement dans la formation de leurs collaborateurs tout au long de leur carrière.
Méthodologie : L’étude fournit un aperçu de l’état d’esprit, des stratégies et des décisions opérationnelles des dirigeants depuis un an, et son évolution sur ces dix dernières années. Tous les répondants ont un chiffre d’affaires supérieur à 500 millions de dollars US et un tiers des entreprises interrogées ont un chiffre d’affaires annuel supérieur à 10 milliards de dollars US. L’enquête a été menée auprès de dirigeants de 11 marchés clés (Australie, Canada, Chine, France, Allemagne, Inde, Italie, Japon, Espagne, Royaume-Uni et États-Unis) et de 11 secteurs d’activité (gestion d’actifs, automobile, banque, biens de consommation et distribution, énergie, infrastructure, assurance, sciences de la vie, industrie, technologies, télécommunications).