Les 5 profils de Français face à « l’exode informationnel »

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Le 11 décembre dernier, la Fondation Jean-Jaurès, L’ObSoCo et Arte rendaient public une étude intitulée « L’exode informationnel » qui dressait un panorama du rapport des Français à l’information.

Celui-ci mettait notamment en avant, comme l’a relayé CB News la semaine dernière, le fait que 54% des Français se déclaraient fatigués de l’information, dont 39% apparaissaient même « très » fatigués, des données certes « relativement stables » par rapport à la première vague d’une même étude publiée en 2022. Mais cette enquête a également été pour ses co-auteurs l’occasion de présenter les 5 profils de Français décelés dans leur rapport à l’information : les Traditionnels, les Boulimiques, les Détachés, les Submergés et les Défiants.

- Les « Submergés » : 39% de la population française, ils progressent de +5 points par rapport à 2022, témoignant « d’une aggravation préoccupante du phénomène de fatigue informationnelle », pointe l’étude. Il est majoritairement féminin (57%), même si tous les milieux sociaux sont concernés. 95% d’entre eux (sic) déclarent ressentir une fatigue informationnelle alors que, comme on l’a vu, la moyenne est de 54%. Le langage journalistique étant « lui-même (…) une source de confusion supplémentaire ». 87% ont en outre l’impression de subir l’information plutôt que de la choisir.

- Les « Boulimiques » : 12% de la population française (-5 points vs 2022), ils sont composés principalement de jeunes urbains, voire Parisiens, diplômés et de catégories socio-professionnelles aisées. Ils « incarnent une nouvelle élite hyperconnectée pour qui l’information est devenue une forme de capital social et professionnel », relève l’enquête. Ils utilisent en moyenne 9,6 canaux d’information différents (vs  7,4 pour l’ensemble de la population). Ils assurent une forte présence sur les réseaux sociaux, utilisent intensivement internet tout en commentant, partageant et discutant « fréquemment » l’actualité. Ils sont sur-représentés dans la consommation quotidienne de presque tous les types de médias, à l’exception de la télévision. Si 62% avouent avoir des comportements de recherche compulsive d’information, ils mettent également en avant leur fatigue informationnelle, pour 67% d’entre eux. Paradoxe fort, pourtant : 33% affichent « une assez forte propension au complotisme » (33 % vs 23% en moyenne).

- Les « défiants » : 18% de la population, ils sont plus masculins avec des revenus plus modestes. Ils maintiennent un engagement « significatif » dans la recherche d’information tout en remettant « systématiquement » en question les sources officielles. Ils se caractérisent en outre par une vision négative plus importante que la moyenne de la situation collective, sur la société ou encore la démocratie notamment. 94% affirment « désespérer » de l’être humain en regardant lesn ouvelles. « Mais tout se passe comme s’ils retournaient cette défiance contre ce qu’ils considèrent comme faisant système, à l’inverse des Submergés qui la retournent contre eux-mêmes », insistent les auteurs du rapport.

- Les « traditionnels » : 8% de la population (vs 11% en 2022), ils sont sur-présentés chez les 65-75 ans, avec un niveau de vie supérieur à la moyenne, et une forte proportion de retraités, plutôt masculins. Ils accordent une grande importance à l’acte de s’informer et y consacrent des efforts importants. Sans surprise, ils préfèrent les médias dits traditionnels (TV, radio, presse écrite) en ayant un prisme important pour la politique et l’actualité. Ils semblent aussi « relativement maîtriser leur environnement informationnel », indique l’étude. Seuls 28% se disent fatigués par l’information et ont une vision « plus positive » de la société et de la démocratie. Ainsi qu’une satisfaction de vie supérieure à la moyenne. Ils ne semblent pas non plus « souffrir » de la surabondance d’informations. Ils expriment moins de stress, d’anxiété ou de déprime liés à l’actualité. Les co-auteurs de l’étude alertent : « cette catégorie, qui, il y a deux ans, était un pilier solide du rapport tranquille à l’information, devient plus intranquille et donne des petits signes de basculement vers autre chose ».

- Les « détachés » : 23% de la population française (+3 points vs 2022), ils représentent « une forme de désengagement volontaire de l’information », cultivant « un rejet et érigeant même celui-ci en nouvel art de vivre ». Ils sont souvent dans un âge intermédiaire avec des enfants, vivent dans les zones périurbaines et dans les communes peu denses et sont des actifs occupés. Leur consommation médiatique est normalement la plus faible de tous les groupes (16% contre 54% en moyenne). Cette population en hausse auraient-elle adopté la stratégie du désengagement pour faire face à la fatigue informationnelle et ses conséquences, interroge l’étude.

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