Bonne poire
Exceptionnellement, cet édito sera adressé à une personne en particulier. Ne partez pas ! Vous pouvez le lire quand même. Or donc, je m’adresse précisément à Monsieur Robert L.Laiche, que je n’ai pas l’heur de connaître mais qui m’a gentiment envoyé un mail pour m’avertir que j’avais gagné 5 millions de dollars. De dollars US, me précise-t-il afin qu’il n’y ait aucune ambiguïté sur ma nouvelle fortune. Cette forte somme m’a été attribuée à la suite d’une loterie sur WhatsApp dont j’avoue que j’ignorais l’existence, mais on ne peut pas tout savoir. Je voudrais donc remercier chaleureusement Robert – je peux t’appeler Bob ? - qui naturellement me demande tout un tas de renseignements afin de pouvoir me payer la somme susmentionnée. Informations personnelles détaillées que je dois envoyer à une adresse différente de celle avec laquelle il m’a écrit, mais la complexité des organisations modernes telle que la Loterie WhatsApp explique certainement cette bizarrerie. Quoi qu’il en soit, je me félicite de ce gain et m’empresse de réserver dès maintenant un voyage pour l’autre bout du monde, là où il fait toujours beau et où les nouvelles sont toujours bonnes pour dépenser une infime partie de ma nouvelle fortune. Je me vois déjà, les pieds en éventail sous les palmiers, un verre de sirop de yacon à la main. Comment ? Vous ne savez pas ce que c’est que du sirop de yacon ? À vrai dire, j’étais comme vous jusqu’à ce que je reçoive un autre courrier électronique me faisant part de l’existence de ce « sucrant naturel », éthique, bio, bon et tout, tiré d’une plante originaire d’Amérique du Sud. Je ne sais pas vous, mais je trouve ce nom un peu perturbant. Un je-ne-sais-quoi de gênant qui évoque un peu l’idée de tomber dans le panneau. L’autre nom du yacon, c’est « poire de terre ». Pas mieux, n’est-ce pas Robert ?