Basse pression
Quand on me pose la question de ma vocation de journaliste – oui, il y en a que ça intéresse - je réponds invariablement que ce n’est pas un choix de ma part, plutôt un hasard, mais un heureux hasard car je ne saurais rien faire d’autre. J’ai repensé à ça il y a quelques jours alors que je parlais lors d’une discussion avec le maire d’une petite commune qui, apprenant mon métier, a totalement changé d’attitude. D’une politesse nonchalante, il est passé à une curiosité pétillante, et bien que lui ayant précisé que ma spécialité ne pouvait lui être d’aucune aide pour un éventuel article, rien n’y faisait, il m’a tenu la jambe bien plus qu’il ne l’aurait fait si j’avais été comptable ou alpiniste (ce que les gens qui me connaissent savent totalement impossible). Et puis j’ai vu les résultats du dernier baromètre La Croix sur la confiance envers les médias. Je me suis demandé si mon maire aurait eu la même réaction si je lui avais dit que j’étais un influenceur influent. Pas sûr que cet élu sache même à quoi cela aurait pu lui servir alors que manifestement, une large partie de ses administrés croient beaucoup plus en ces puissants internautes qu’en mes confrères. C’est probablement injuste mais assez normal. Les journalistes annoncent aussi des mauvaises nouvelles ce que ne font que très rarement les influenceurs qui insistent plutôt sur les bonnes. Et comme en ce moment, la balance penche nettement en faveur des premières, il y a des chances pour que le baromètre baisse encore. Tant qu’on ne le brise pas…
PS : Au moment de terminer cet article, j’apprends la disparition de Françoise Vidal, la cofondatrice et première rédactrice en chef de CB News. C’était une grande gueule au bon sens du terme, exigeante et chaleureuse, drôle et rieuse, pas facile tous les jours mais toujours juste et enthousiaste. Elle connaissait comme personne nos métiers de la communication et elle les a servis jusqu’à la fin. Sans elle, rien de ce que j’ai fait ne serait fait puisque c’est elle qui m’a accueilli dans ce journal il y a 30 ans. Elle m’a inculqué le patriotisme de CB, peut-être même encore un peu plus que Christian lui-même. Quand j’ai relancé le magazine, elle a été aussi enthousiaste que critique avant de reconnaître que nous faisions un bon boulot. J’ai toujours cherché à rester digne de ce qu’elle avait fait, en particulier dans le numéro Luxe de CB, dont elle a inventé le concept dès la première année, en 1986. Très en avance sur son temps. Adieu Françoise, cette fois-ci tu pars trop tôt. Putain de black Friday