Bien ou good?
«Qu’est-ce que tu as vu de bien cette année ? » A droite, le Majestic ou le Carlton, à gauche, la mer. Entre les deux, la Croisette et les châteaux éphémères de Gafa & Frères. Au fond le Palais et ses Lions. Un décor de rêve dans lequel tout le monde parle anglais, sauf dans le French Camp. Va comprendre. Ici, bien se dit Good et c’est écrit partout. La pub sera For Good ou ne sera pas. Je n’invente rien, prenez le palmarès : la quasi-totalité des cases (prononcez "caize", c’est comme ça qu’ont dit à Cannes) récompensés suivent ce précepte. Le Grand Prix film ? Une campagne du New York Times anti Trump. Le Grand Prix PR ? Un dispositif contre les tampons hygiéniques surtaxés en Allemagne. Et la campagne française la plus glorieuse de l’année est celle de Marcel pour la réhabilitation par Carrefour des fruits et légumes interdits. Bon, c’est vrai qu’il ne va pas très bien notre monde. La planète s’étiole, le climat se réchauffe, la tension monte et la classe politique est impuissante quand elle n’aggrave pas la situation. Du coup, la pub enfile son costume de sauveuse de la planète et de combattante des armes, de Bolsonaro et tutti quanti. C’est bien. Mais comme on dit le soir, au bar du Martinez : "Ce qui est à Cannes reste à Cannes". Y compris les bonnes intentions ?