RGPD : entre 1 200 et 1 300 cas de violations depuis son entrée en vigueur
La Commission nationale de l’informatique et des libertés a enregistré « entre 1 200 et 1 300 » cas de violations de données personnelles depuis l'entrée en vigueur en mai du Règlement européen sur la protection des données (RGPD) le 25 mai dernier, soit plus de cinq par jour, selon les responsables de l’instance. Un chiffre qui « permet de prendre conscience de la fragilité » de nombreuses entreprises et institutions en matière de cybersécurité, selon le secrétaire général de la CNIL Jean Lessi, qui s'exprimait lors d'un évènement organisé par Orange Cyberdéfense. Le RGPD a rendu obligatoire la notification dans les 72 heures, par les entreprises ou institutions concernées, des violations des données personnelles qu'elles détiennent. La non-déclaration de ces violations peut entraîner une amende de 10 millions d'euros, ou 2% du chiffre d'affaires.
Néanmoins, certains observateurs estiment que les violations sont en réalité plus nombreuses que celles déclarées à la CNIL. « Il est fort probable que la CNIL ne reçoive pas toutes les notifications qui devraient lui être faites », ne serait-ce que par ignorance des obligations en la matière, a reconnu un porte-parole de la CNIL. Damien Bancal, un journaliste qui anime le blog spécialisé Zataz, a alerté à lui tout seul en 2018 4 000 entreprises françaises qu'elles perdaient des données personnelles, par négligence ou du fait d'actes malveillants. « Depuis 4 ou 5 ans, c'est exponentiel », a-t-il indiqué, expliquant que sur le dark web (partie d'internet qui n'est accessible que via des outils spécifiques), les boutiques de revente d'identités volées prospéraient. « J'ai sous les yeux en ce moment même une boutique qui a 1,1 millions de Français à vendre pour 4 euros pièce », avec leurs noms, adresses, numéros de téléphone, adresse mail... et parfois des informations bonus, comme le dernier achat effectué sur tel ou tel site ou des coordonnées bancaires, a-t-il déclaré. Lorsque la CNIL est prévenue d'une violation de données personnelles, elle privilégie pour l'instant une approche « d'accompagnement » des entreprises concernées. Elle aide l'entreprise à prendre les mesures correctrices. Si elle le juge nécessaire, et si l'entreprise ne l'a pas déjà fait d'elle-même, elle peut lui ordonner de prévenir les personnes concernées par la fuite des données. Ce cas de figure s'est produit une seule fois depuis l'entrée en vigueur du RGPD, a indiqué la CNIL à l'AFP. « L'organisme s'est exécuté », a précisé la CNIL. (avec l'AFP)