Concurrence : Londres accepte des engagements de Google sur la pub en ligne
L'autorité britannique de la Concurrence a accepté des propositions de Google sur l'utilisation des cookies et la manière dont il partage les données de ses utilisateurs, estimant qu'elle répondent à ses craintes sur une domination accrue dans la publicité en ligne. La CMA craignait que des changements dans la politique de gestion des données sur la navigation de ses utilisateurs, tracées par les cookies, prévus sur le navigateur Chrome du géant technologique américain ne renforce sa domination dans les publicités en ligne. "La CMA a obtenu des engagements légaux de Google pour répondre aux inquiétudes sur la concurrence" à propos de sa nouvelle politique de confidentialité, commente le gendarme britannique de la concurrence vendredi. Il précise passer à présent à une prochaine phase pendant laquelle il va "superviser Google" pour s'assurer que la politique de confidentialité du groupe ("Privacy Sandbox") est conçue "d'une manière qui bénéficie aux consommateurs".
Dans un blog posté sur son site, Google s'est dit "heureux que la CMA ait accepté les engagements" proposés et qui "entrent en vigueur immédiatement". Prévus pour six ans, ils prévoient notamment que la CMA et l'ICO, l'autorité britannique sur la protection des données et l'accès à l'information, participeront au développement et aux tests de la "Privacy Sandbox", et que Google sera plus "transparent" en publiant par exemple les résultats des essais. Le géant internet américain ne "retirera pas les cookies tiers jusqu'à ce que la CMA soit satisfaite" et dans le cas contraire cette dernière pourrait intervenir à nouveau.
Google assure également qu'il va "restreindre le partage de données au sein de son écosystème pour s'assurer de ne pas gagner un avantage sur ses concurrents lorsque les cookies tiers seront éliminés, et de ne pas favoriser ses propres services publicitaires", énumère la CMA. Le géant de la publicité en ligne avait annoncé début 2020 se donner deux ans notamment en procédant à des consultations avant d'éliminer les cookies tiers de son navigateur, leader sur le marché. Les cookies, des modules électroniques d'identification qui pistent les internautes, sont certes dénoncés par les militants de la protection de la vie
privée mais "jouent un rôle fondamental dans la publicité en ligne", avait fait valoir la CMA en lançant son enquête. Ils aident les entreprises à cibler leurs publicités de manière efficace et par conséquent à financer les contenus en ligne gratuits en particulier pour les titres de presse. Entre 2000 et 2020, les recettes publicitaires de la presse papier sont notamment passées de 5 à 2 milliards d'euros, constatent les parlementaires. Google et Facebook/Meta captent la quasi-totalité des revenus publicitaires, soit 70% du marché de la publicité digitale.
Google voulait permettre aux annonceurs de cibler et mesurer les campagnes de publicité sans recourir aux cookies mais restait flou sur la manière d'y parvenir, faisant redouter à la CMA une mainmise encore plus grande sur le
marché publicitaire. Avec en conséquence des coûts publicitaires plus élevés qui seraient répercutés sur les consommateurs. L'argument avancé par Google, quand il a dévoilé ses propositions il y a un an, était de renforcer la défense de la vie privée. Bruxelles avait annoncé en juin l'ouverture d'une enquête contre Google pour des pratiques anticoncurrentielles dans les technologies d'affichage publicitaire en ligne, deux semaines après des sanctions contre le géant de l'internet en France. L'autorité de la concurrence américaine (FTC) et de nombreux Etats américains ont aussi lancé des enquêtes et des poursuites contre Google, Apple, Facebook et Amazon, les fameux GAFA, qu'ils accusent d'abus de position dominante sur leurs différents marchés, des réseaux sociaux à la publicité
numérique en passant par le commerce en ligne.
En mars, les éditeurs européens s'étaient dits "sérieusement préoccupés" par le nouveau système de ciblage publicitaire que Google prévoyait de mettre en oeuvre avec l'abandon des "cookies" tiers. Vendredi, le Conseil des éditeurs européens a indiqué qu'il avait déposé une plainte antiposition dominante contre Google devant la commission européenne, l'accusant d'étrangler l'industrie.