Cannes Lions 2024 : "C'est donc ici que ça se passe" (Clément Scherrer - Buzzman)

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C'est un énorme travail que celui des jurés Shortlist aux Cannes Lions. On les oublie souvent. A tort. Moins exposés que leurs homologues des "Awards". On a rencontré, mercredi 19 juin sur une plage, Clément Scherrer, directeur général en charge de la stratégie de Buzzman, juré Shortlist dans la catégorie Creative Strategy. Récemment multi-primé aux derniers CPS Awards par ailleurs. "C'est ma première expérience de juré aux Cannes Lions. C'est à la fois intense, car j'ai dû juger 275 travaux sur lequel il est nécessaire de passer du temps, et très intéressant. Je crois qu'il n'y a jamais beaucoup de planneurs dans les jurys créatifs. Sans doute parce qu'on ne sait jamais véritablement ce qui, à la fin, relève de la création et ce qui relève de la stratégie ..." explique-t-il. Pendant quatre semaines, il a jugé "sans réelle pression, ni débat. Ni influence des autres jurés. On est tout seul devant son écran". Tous les jurés sont briefés par le président de la catégorie  - pour Creative Strategy il s'agit de Vita M. Harris, Global Chief Strategy Officer de FCB Global - surtout sur les éventuels biais culturels probables. Clément Sherrer avoue avoir été "déstabilisé" par la diversité des cas à regarder, à comprendre puis à juger. "On peut passer d'un truc très très drôle, comme "Bear Naked" de Granola qui soutient une randonnée de nudistes, à un travail beaucoup plus impactant comme une avancée majeure dans la conservation des aliments à mois quinze degrés qui permet une énorme économie d'énergie. Ou encore à un collectif qui recense et protège tous les logos néonazis. Pour mieux attaquer ensuite ces idées là. C'est brillant comme idée d'attaquer ce sujet par le droit. Notre cerveau s'adapte, fait des saltos en permanence. Avec parfois le doute bien-sûr de passer à côté d'un cas formidable". D'un naturel apparemment très calme, il répond avec une franchise assez déconcertante à toutes les questions. "Je ne juge pas du tout avec le prisme de ce qui est le plus "cannois". Ce n'est pas un concours de purpose. Mais de créativité" dit-il par exemple. Il sort de cette expérience avec un "degré d'ambition" additionnel. Sur son métier. Il dit profiter à fond de son accréditation pour passer le maximum de temps au Palais, car toutes les catégories l'intéressent. Tout comme les personnalités qu'il attend de découvrir sur scène. Comme au spectacle. "C'est donc ici que ça se passe" constate-t-il, "cette énergie à laquelle on se frotte. Je décadre mes raisonnements encore davantage". 

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