Corinne Mrejen (Les Échos-Le Parisien) : « l’émergence de nouveaux discours de communication »
Deuxième semaine de confinement...CB News poursuit sa série d'interviews de professionnels de la filière communication, médias et contenus initiée mardi 17 mars. Corinne Mrejen, directrice générale au sein du groupe Les Échos-Le Parisien, chargée du pôle Les Échos-Le Parisien Partenaires, s’est prêtée à l'exercice.
Le confinement s'est généralisé ...Comment faîtes-vous face avec la régie ?
Le télétravail n’est pas nouveau pour nous. Le groupe est habitué à être agile avec 800 journalistes régulièrement sur le terrain, beaucoup de collaborateurs de moins de 30 ans (qui ont accéléré le déploiement des nouveaux modes de collaboration), et des méthodes de travail en mode projet grâce à des outils comme Teams, Sharepoint, Skype… Côté régie, ce qui est nouveau pour nous, il faut le reconnaître c’est d’avoir 100% des effectifs en télétravail. Nous avons pu anticiper cette situation inédite grâce à l’accompagnement depuis plusieurs semaines des équipes RH proactives, à la mobilisation de la DSI qui a équipé l’ensemble des collaborateurs, et à une communication interne fluide sur les best practices à mettre en place. Notre priorité est de maintenir le lien avec les collaborateurs, les équipes ont créé des groupes Whatsapp, les échanges sont quotidiens. Nous sommes tous sur le pont pour gérer le présent, et préparer l’avenir.
Comment réagissent vos clients ? Quels sont vos principales préconisations pour les créations/dispositifs/travaux en cours ?
Notre priorité est d’accompagner nos clients, en prenant en considération leurs contraintes et leurs besoins (reports, annulations…et quelques briefs) avec beaucoup de souplesse et de réactivité. Leur enjeu, plus que jamais, est soit de communiquer dans un contexte propice et sûr, soit de réfléchir à une prise de parole ultérieure. Nous les accompagnons en étant attentif au timing, en revoyant les dispositifs, les contextes… Nous sommes convaincus que cette crise va favoriser l’émergence de nouveaux discours de communication, encore plus orientés autour de la responsabilité pour montrer que l’engagement de l’entreprise va bien au-delà de la RSE, vers une contribution sociétale majeure. Les communications récentes d’Intermarché valorisant la mobilisation des agriculteurs et pêcheurs et incitant à la consommation de produits français dans cette période de crise en sont une formidable illustration.
Concernant l'impact financier de cette crise inédite, en mesurez-vous les conséquences ?
Nous devons être très prudents sur les estimations, car nous manquons de visibilité sur la date de « sortie de crise ». Nous constatons une décélération forte des investissements publicitaires, qui probablement va se poursuivre sur les deux prochains mois. Côté événementiel, l’arrêt est plus brutal puisque nous avons stoppé tous nos événements et salons depuis mi-mars, le redémarrage est prévu pour juillet. Enfin, nous mesurons notre chance d’appartenir à un groupe solide (LVMH, ndlr), qui nous permet d’envisager l’avenir avec circonspection, certes, mais aussi avec confiance.
Comment pouvez-vous être "utile" à la société en ce moment ?
C’est avant tout le rôle de nos médias, et le cœur de l’engagement responsable du Groupe : toutes les rédactions (Les Échos, Le Parisien, Investir, Radio Classique, Connaissance des arts…) se mobilisent pour répondre, encore plus aujourd’hui, au besoin d’une information de qualité des citoyens et des entreprises. Elles s’engagent à les accompagner pour faire face à cette crise sanitaire, à ses conséquences humaines, sociales et économiques. Elles ont développé nombre de dispositifs éditoriaux spécifiques pour couvrir toutes les problématiques de la société confrontée à cette crise, témoigner de ses craintes comme de ses espérances, et mettre en lumière les initiatives mises en œuvre pour lutter contre le virus et ses conséquences.
Ce rôle est fondamental, d’utilité publique. En temps de crise, la confiance dans les médias traditionnels remonte : selon le rapport « Trust and the Coronavirus » du Trust Barometer Edelman 2020, les répondants placent leur confiance en priorité dans les média traditionnels (64% des répondants). On le constate sur les progressions d’audience, avec des semaines historiques sur le digital, et un nombre d’abonnements en très forte augmentation. Côté monétisation, l’appellation même du pôle « Les Échos Le Parisien Partenaires » prend tout son sens dans ces circonstances hors norme. Être partenaire c’est être solidaire de nos annonceurs et de leurs agences. Être à leur écoute, attentifs à leurs besoins. C’est le sens même de notre engagement : agir avec responsabilité et transparence, pour gérer au mieux le présent, et construire l’avenir ensemble.
Enfin, parce que cette période exceptionnelle souligne le besoin vital d’échanges, de solidarité et de bienveillance, nous avons transformé notre newsletter régie « On aime on partage » en « On s’entraide On partage » : une sélection d’articles de nos médias qui nous ont éclairés, aidés ou redonné le sourire (des conseils, des informations utiles, des témoignages de solidarité…). Ces informations sont également relayées sur nos comptes sociaux. Un lien constant qui nous permettra de franchir ensemble ce cap complexe, et d’en sortir renforcés.