Meta : de bons résultats, mais également quelques interrogations
Mark Zuckerberg veut faire de 2025 l‘année Meta.
Meta a dépassé ses propres attentes et celles du marché avec 48,4 milliards de dollars de chiffre d'affaires (+21% sur un an) et 20,8 milliards de dollars de bénéfice net (+50% sur un an) au quatrième trimestre 2024.
Le marché attend des preuves que les investissements colossaux des géants de la tech sont justifiés et portent leurs fruits, alors que la start-up chinoise DeepSeek vient de montrer qu'il était possible de rivaliser avec ChatGPT (OpenAI), Gemini (Google) et Llama (Meta) pour une fraction des coûts. La maison mère de Facebook, Instagram et WhatsApp a annoncé la semaine dernière que ses dépenses d'investissement seraient comprises entre 60 et 65 milliards de dollars cette année, soit 50% de plus qu'en 2024, principalement pour défendre et renforcer sa position dans la course à l'intelligence artificielle (IA) générative. L'année 2025 "va être vraiment très importante", a déclaré Mark Zuckerberg, patron du groupe californien, lors de la conférence aux analystes. "Je n'arrête pas de répéter à mes équipes que ça va être intense, parce que nous avons 48 semaines pour parvenir à la trajectoire que nous avons définie pour nos progrès dans l'IA", a-t-il ajouté. Les dépenses du numéro deux mondial de la publicité numérique sont d'autant plus scrutées qu'il perd plusieurs milliards de dollars tous les trimestres dans sa branche "Reality Labs", dédiée au métavers. En tout, en 2024, Reality Labs a creusé ses pertes à 17,7 milliards de dollars.
Des inquiétudes : le coût de l'IA et la stagnation du nombre d'utilisateurs
"Meta a passé l'année dernière à reprendre vie", estime Jeremy Goldman de Emarketer. "Le groupe sort de son adolescence et de ses obsessions maladroites sur le métavers et se transforme en géant de la publicité numérique, plus musclé et plus concentré". Mais l'analyste s'inquiète de la stagnation du nombre d'utilisateurs et de la hausse des coûts liés à l'IA, sans compter les récents changements de politique (fin du programme de vérification indépendante des faits aux Etats-Unis, assouplissement de la modération des contenus), qui risquent d'amoindrir la confiance des usagers et des annonceurs. Instagram pourrait gagner en recettes publicitaires si jamais TikTok était vraiment banni des Etats-Unis (le sort de l’application est pour l'instant suspendu), mais "la concurrence pour l'attention des utilisateurs et les portefeuilles des annonceurs reste féroce", souligne-t-il.
S'aligner avec la nouvelle administration Trump
"C'est un marathon et Meta est une voiture de course : elle est rapide, mais est-elle conçue pour durer ?", interroge l'expert. Mark Zuckerberg, le patron de Meta, a multiplié les annonces ce mois-ci pour aligner sa société avec la nouvelle administration américaine et Donald Trump. Outre les règles plus permissives et le recul de la lutte contre la désinformation, il a mis fin aux programmes conçus pour favoriser la diversité du personnel et nommé plusieurs alliés du président à des postes clefs. Le groupe californien va en outre licencier 5% du personnel. Quelque 3.600 employés, jugés les moins performants, vont être congédiés avant d'embaucher de nouvelles personnes pour remplir leurs fonctions dès cette année, d'après un mémo interne envoyés aux salariés mi-janvier et rapporté par Bloomberg.
Meta va par ailleurs commencer à tester les publicités sur Threads, le dernier-né de ses réseaux sociaux. La plateforme très similaire à Twitter (désormais X) compte 300 millions d'utilisateurs mensuels, selon Meta. "Cela offre un nouveau terrain de jeu aux annonceurs, mais Threads ne contribuera pas de manière significative aux revenus publicitaires du groupe en 2025", commente Debra Aho Williamson, de Sonata Insights. Meta est surtout attendu dans l'IA générative, un domaine où le géant des réseaux sociaux est moins avancé que ses voisins Google et OpenAI. Meta AI, son assistant IA, a gagné en capacités à l'automne, avec les interactions à l'oral et son intégration plus poussée dans les lunettes connectées Ray-Ban. "L'objectif de Mark Zuckerberg d'atteindre 1 milliard de personnes avec Meta AI en 2025 est suffisamment vague pour qu'il soit certainement possible de l'atteindre", note Debra Aho Williamson. "En intégrant l'IA dans les activités quotidiennes des utilisateurs de Facebook, Instagram ou WhatsApp, elle deviendra naturellement une partie plus importante de leur usage des plateformes". En décembre 2024, 3,35 milliards de personnes dans le monde se connectaient tous les jours sur au moins une des plateformes de Meta.