Le cocon de la performance

Onesta

L’Agence Nationale du Sport prépare un écrin pour les athlètes français des JO.

Son nom : « Maison de la Performance ». Mais ce n’est pas une maison. C’est un lycée. 9000m2 d’espaces modulables dans le lycée Marcel Cachin à Saint-Ouen-sur-Seine. C’est un véritable cocon qui nous a été présentés ce matin lors de la conférence de presse, salle Gaveau. Situé à 4 minutes à pied des bâtiments français du Village Olympique. Nos athlètes tricolores y seront bichonnés. Ils pourront s’y rendre quand ils le souhaitent avec leurs coaches, leurs soignants, leurs partenaires d’entraînement, avant ou après les compétitions. Elle pourra même rester ouverte une partie de la nuit en cas de besoin, après les épreuves tardives.

Un personnel médical y sera présent en permanence : médecins, kinés, ostéo, gynéco… Les athlètes pourront s’entrainer dans des espaces partagés (cardio, muscu, haltères, machines guidées) et des salles ou terrains spécifiques (sports de combat, boxe, basket 3x3, escrime, tir à l’arc…). Ils pourront récupérer dans des saunas et des bains froids, débriefer et faire des analyses vidéo dans des espaces de travail. Ou tout simplement s’isoler. Quatre zones de convivialité sont prévues, dont deux terrasses extérieures aux couleurs de FDJ et Coca-Cola, sponsors officiels des Jeux. Mais attention, cette Maison est un lieu de travail, pas un lieu festif, a rappelé Claude Onesta (manager général de la haute performance au sein de l’ANS) à un journaliste qui s’inquiétait de la boisson avec laquelle les athlètes fêteraient leur médaille. Et ce lieu ne sera pas ouvert aux médias. Un peu plus loin, le gymnase Alice Milliat à L’Île-Saint-Denis viendra compléter ce dispositif pour répondre aux besoins d’entraînement des 2 équipes de France de handball et de l’équipe féminine de basket. Les athlètes des Jeux paralympiques, ayant des problématiques différentes, ne sont pas concernés par le projet.

Pourquoi donc cette Maison de la Performance ? Ancien sélectionneur de l’équipe de hand, Claude Onesta a expliqué qu’étant donnée la grande concentration, dans un temps et des espaces limités, de compétitions et d’athlètes, ces derniers doivent travailler en « situation dégradée » par rapport à d’autres compétitions auxquelles ils participent. L’idée était de trouver à proximité du Village Olympique un espace de services et de savoir-faire qui viennent améliorer leurs conditions d’entraînement. D’autres grandes nations sportives l’ont bien compris avant la France : les Anglais l’ont créée à Londres en 2012, les Brésiliens à Rio et le Japon à Tokyo ensuite. Les Etats-Unis, l’Allemagne, l’Australie et les Pays-Bas en sont aussi friands. Mais quand on joue à l’extérieur, il s’agit plutôt de « camp de base, de mix entre maison du pays et maison d’entrainement, sans commune mesure avec ce que nous faisons ici » a précisé Yann Cucherat qui porte le projet à l’ANS et qui nous avait présentés ce projet à Sport & Com le 21 mars dernier.

L’objectif final est clairement affiché par la Ministre des Sports et des JOP, Amélie Oudéa-Castera : « aller chercher tous les gains marginaux pour aider les athlètes à être la meilleure version d’eux-mêmes le Jour J ». Pour réaliser l’objectif de la France – figurer dans le top 5 au tableau des médailles des JO de Paris – elle estimait ce matin que « nos athlètes doivent remporter 16 ou 17 médailles d’or, ce qui correspond à un coefficient multiplicateur de 1,6 par rapport à nos dernières performances ». Un objectif réaliste puisque les stats historiques des JO montrent que le fait de jouer à domicile génère un coefficient multiplicateur compris entre 1,5 et 2,3.

Concrètement, le lycée Marcel Cachin sera mis à disposition juste après la fin des séances de rattrapage du bac (le 13 juillet) pour installer la Maison de la Performance. Le timing est très serré puisque les JO démarrent le 26 juillet. Tout devra être démonté le 20 août. Les matériels sportifs et médicaux seront ensuite répartis sur l’ensemble du territoire entre différents organismes, établissements et écoles de sport.

Avec un budget de 4,5M€, ce projet est « peut-être le plus ambitieux de l’ANS » d’après Frédéric Sanaur, son directeur général. Si cette Maison aide la France à transformer 5 médailles d’argent en 5 médailles d’or… cela fera moins d’un million par médaille d’or et le pari aura été gagnant !

Mais laissons le mot de la fin à Claude Onesta qui a remporté de nombreux titres avec l’équipe surnommée Les Experts (médailles d’or en 2008 et 2012) : « Tout cela ne reste que des outils. Même quand tu es numéro 1 mondial, faire une médaille d’or aux Jeux relève de l’exploit. Cette conquête, il faut aller la chercher au plus profond de soi ».

On vous offre une vue du rez-de-chaussée et une vue du 1er étage de la Maison de la Performance:

Maison de la performance rez de chaussée

Maison de la performance etage

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