"Tout ne s'arrête pas durant l'été, mais..." - Stéphanie Pitet (Pitchville) - Interview
Les agences savent dire "non" à un pitch pendant l'été.
La pratique des compétitions d'agences est de plus en plus questionnée. Son processus pouvant nuire à la santé des agences. Cela implique pour elles de mobiliser ses équipes, du temps, un budget et énormément d’énergie dans un laps de temps restreint. Et comme “le client est roi”, les agences se sont longtemps calées sur les agendas et les délais des annonceurs. Même pendant l’été....
Mais aujourd’hui, les agences savent dire “non”. Et ce, de plus en plus. Pour CB News, Stéphanie Pitet, associée fondatrice de Pitchville, nous parle d’une évolution du secteur qui va dans "le bon sens" et aborde la manière dont les appels d’offres sont reçus l’été.
Aujourd’hui, les patrons d’agence sont davantage attentifs au bien-être de leurs salariés. Ils le font soit parce qu’ils ont de vraies convictions, soit pour ne pas avoir d’ennuis. Mais ils le font. Et sont de plus en plus à le faire. Pour Stéphanie Pitet, même si l'été “n’est pas une période où tout s’arrête” pour les compétitions et que “ça reste actif”, les annonceurs et les agences “ont mûri, sont devenus plus responsables, plus exigeants. Et sont capables de dire non à une compétition qui arriverait le 15 juillet pour un retour le 15 août. Ça se passe quand même beaucoup mieux. En tout cas, quand un cabinet conseil en choix d’agence intervient, c’est sûr que cela ne se passe pas comme ça. On peut dire non au client”. Certes, il y a une véritable évolution, et ça ira très certainement encore mieux au fur et à mesure des années. Toutefois, les agences “se calent encore beaucoup sur l’agenda des annonceurs, leurs dates de vacances, leurs calendriers internes, leurs délais de validation. Ce qui fait que les agences peuvent avoir trois semaines pour travailler et le client prendre quatre semaines pour décider. Et ça ce n'est pas logique, mais cela arrive encore”. Pour Stéphanie Pitet, les cabinets conseil et les agences ont eux aussi leur rôle à jouer dans ce combat : “c’est aussi à nous de faire la pédagogie du marché, ça fait partie de notre job”, insiste-t-elle.
“Les agences choisissent leur combat”
Pour Pitchville, qui ne souhaite pas communiquer sur les compétitions en cours, la reprise de septembre s’annonce active. "Depuis le 26 août, nous avons une activité qui est assez dense”, explique Stéphanie Pitet, “les clients reviennent à la charge. Et puis les agences sont assez sollicitées aussi. On sait qu’elles sont amenées à faire des choix sur les compétitions auxquelles elles voudraient participer. Mais aujourd'hui, elles ne souhaitent pas - ou plus- aller sur toutes les compétitions, elles choisissent leur combat”. D’ailleurs, certaines agences font même le choix de ne plus participer aux AO : “certaines agences, sans citer de noms, sont plus exigeantes que d’autres, et estiment qu’il faut à la fois réunir les parfaites conditions de compétition (du temps pour travailler, une indemnisation pour les agences perdantes, une taille de budget raisonnable) mais aussi l’ambition de la marque (est-ce un client qui a envie de changer les choses ? quelle est sa réputation ? le type de profil que le client veut mettre en compétition ?). Après, il y a sans doute des agences qui ont l’air exigeantes, alors qu’il s’agit parfois juste d'une désorganisation en interne. Même les grandes agences peuvent refuser des pitchs parce qu’elles n’ont pas d’équipe disponible”. Ainsi, les agences s’affirment, les marques peuvent faire preuve de souplesse et de compréhension. Stéphanie Pitet explique même : “quand on dit au client que s’il fait n’importe quoi, les bonnes agences vont se retirer, il le comprend. Aujourd’hui, si une compétition est lancée entre le 28 juillet et le 15 août, la plupart des - bonnes - agences diront “non””.