La 5G+ s’émancipe des anciens réseaux
Il y a bataille entre les opérateurs qui se disent prêts, mais restent pragmatiques
Quatre ans après le début du déploiement des fréquences 5G, le réseau mobile semble être entré dans une nouvelle phase avec l'arrivée de la 5G+, mais ses bénéfices pour les particuliers restent encore à démontrer. Le 18 septembre, Free annonce rendre accessible à tous une "technologie radio de pointe" en devenant le "premier opérateur à proposer la +5G SA+ à l'échelle nationale". Quelques heures plus tard, Orange lui emboite le pas, avec la sortie d'une "box 5G+" depuis le 10 octobre. D'après Free, cela devrait "permettre d'exploiter pleinement les potentialités de la technologie 5G". Orange loue de son côté une "expérience internet à la maison plus fluide et plus performante" grâce à sa nouvelle box. Mais que changent les lettres "SA" accolées à un réseau déjà connu du grand public, successeur de la 4G ? "En réalité, jusqu'à maintenant, la 5G était uniquement une extension de capacité sur la base d'un réseau 4G", explique à l'AFP Adrien Demarez, ingénieur télécoms. La 5G présente sur les smartphones des particuliers était déjà déployée grâce aux antennes dédiées, mais fonctionnait toujours sur un "cœur de réseau" 4G. Présentée comme la "vraie 5G", la 5G+, ou +5G SA+, la 5G standalone devient donc totalement indépendante de ces anciens réseaux, et permet d'exploiter toutes les caractéristiques propres à ce réseau.
Sans les iPhone
Mais les annonces retentissantes de Free et d'Orange cachent une évolution plus progressive. La technologie 5G SA "existe aujourd'hui chez beaucoup d'opérateurs", pointe Jean-Paul Arzel, directeur réseau de Bouygues Telecom. C'est le cas chez Bouygues, depuis février 2024, chez SFR depuis fin 2023, et chez Orange depuis l'été 2023, avec des offres jusqu'ici dédiées aux clients professionnels. Tous ou presque revendiquent d'ailleurs être à la pointe sur le sujet. Quand SFR affirme être "numéro un des sites 5G" sur la bande de réseau principale, Orange se targue d'avoir été le "seul opérateur" à déployer la 5G+ pendant les Jeux de Paris. Le déploiement des infrastructures nécessaires au fonctionnement du réseau reste toutefois inachevé. Avec près de 10.000 sites comptabilisés par le régulateur des télécoms (Arcep) en mars, Orange ne couvre actuellement que 70% de la population. "On met encore beaucoup d'énergie à déployer ces antennes", précise Laetitia Orsoni Sharps, directrice grand public de l'entreprise. D'autant que du côté des smartphones, les modèles compatibles avec la 5G+ restent encore rares. Les iPhone, notamment, n'intègrent pas encore ce nouveau réseau.
Le grand public attendra
Entre les différents opérateurs, le débat s'étend aussi à l'intérêt du réseau pour les particuliers. "Quand on a une nouvelle technologie, on aime bien qu'elle soit démocratisée, qu'on l'offre au plus grand nombre", assène Nicolas Thomas, directeur général de Free. D'autres défendent une approche "pragmatique": la 5G standalone serait pour l'instant davantage bénéfique aux professionnels. Outre ses meilleures performances, elle offre la possibilité de garantir un accès dédié pour certains clients. Une aubaine pour des secteurs où une connexion continue et de qualité s'avère critique: pour l'une des premières mises à disposition, SFR avait ouvert sa 5G SA à deux médias pour la retransmission d'un match de foot. "On le dit depuis toujours, la 5G SA, c'est pour les clients professionnels", appuie Sylvain Chevallier, spécialiste en télécoms et associé du cabinet de conseil Bearing Point. "Pour le grand public, c'est un peu moins clair, parce qu'aujourd'hui les réseaux mobiles sont de très bonne qualité et les consommateurs peuvent assouvir à peu près tous les usages qu'ils ont sur leurs smartphones ou autres", poursuit-il. vant de préciser qu'historiquement, les usages sont souvent apparus à la suite de la mise à disposition de nouvelles technologies, et non l'inverse. "Progressivement, on va tous basculer vers la 5G SA", estime pour sa part Nicolas Chatin, directeur de la communication de SFR. Chez tous les opérateurs, le déploiement est prévu courant 2025.