Maisons Fermées, Esprits ouverts. Comment aller vers son bonheur?
En ces jours de trouble, de doute et de crainte, il ne nous reste plus qu’à nous tourner vers nos proches puis vers la Beauté ; celle qui sauve, celle qui nous libère de nos pulsions mortifères et de nos besoins incessants de dominer, détruire sans regarder derrière soi, consommer à outrance sans voir ce qui est beau à nos fenêtres, dans nos discothèques ou notre bibliothèque. En ces temps de confinement, un travail s’opère, un mouvement se lève, celui des diffuseurs de modèles culturels. Une révolution silencieuse et douce se met en marche. Elle pourrait bien transformer notre pays. Leurs armes ? Des notes de musique, des mots, des images animées, des peintures, car jamais la culture n’a été aussi proche de nous, cette beauté qui sauve, qui soigne et qui apaise. Quand le théâtre de la Colline ferme, c’est Wajdi Mouawad qui fait des lectures sur internet, quand leurs concerts sont annulés, Thomas Dybdahl, Jean Louis Aubert les offrent en live de chez eux sur les réseaux sociaux. Quand les studios d’enregistrement ferment, James The Prophet et Pab The kid offrent un nouvel enregistrement chaque jour via leur home studios. Quand l’Opera s’invite sur nos écrans que des musées nationaux libèrent plus de 150 000 œuvres au public, alors oui, nous pouvons lever la tête et reprendre espoir car cette période de peur et d’incertitude n’est-elle pas la promesse de jours meilleurs, et pourquoi pas repenser notre société à travers le prisme du beau, du bon et transformer notre modèle sociétal ?
Nous avons tout pour participer à la création de notre propre bonheur. La France est un beau pays. Elle est nourrie de milliers d’années d’histoire, de grands idéaux, de principes moraux et de femmes et d’hommes capables de renverser un sentiment de détresse, de grande dépression ou de résignation vers un nouvel élan. La France est forte. Forte de la protection de la famille, d’un État de droit respecté, de richesses naturelles considérables, d’un des meilleurs systèmes de santé au monde, d’entreprises innovantes, d’une démographie équilibrée. Le peuple français est ouvert aux autres, tolérant, créatif, dynamique et entreprenant. Sa démocratie est stable, sa diplomatie l’une des plus puissantes de la planète et son appartenance à la zone euro lui donne des moyens considérables.
Enfin, les Français sont dignes et plus particulièrement notre jeunesse inquiète, qui sait d’ores et déjà qu’elle doit créer elle-même son propre avenir.
Quand bien même le pays est sous le coup de l’une des plus grandes menaces de son histoire nous avons tous les atouts pour changer notre destin.
Notre génération a le devoir d’éclairer ce qui pourrait aider la jeunesse dans la construction d’un ordre nouveau.
La France n’a plus confiance en son avenir. Elle sent son identité, sa culture, sa civilisation en terrible danger. Les Français semblent avoir perdu leur joie de vivre. Un dangereux fossé se creuse entre citoyens de confessions religieuses différentes. Les Français ne croient plus en l’Europe, et l’Europe doute de plus en plus de la France. Aphone pour la première fois, elle ne sait plus se faire entendre sur la scène internationale. Notre société est assaillie de mauvaises nouvelles, de peurs, d’angoisses. Les médias amplifient ce sentiment anxiogène, la culture est reléguée aux dernières places du gouvernement et quand la culture se perd, alors commence l’obscurantisme. Il n’y a alors plus d’unité à part lors de manifestations de sursaut national, comme après les attentats de Paris et de Nice ou ces temps troublés de confinement.
Ce vivre-ensemble, l’utopie d’une Nation réconciliée, ne se fera pas tout seul. La France devrait appeler l’ensemble de ses citoyens à trouver dans la culture et la beauté les raisons de défendre avec une farouche détermination les valeurs de notre société. Seul un très large regroupement de créateurs pourrait imaginer un tel mouvement unificateur. Ce dernier se réaliserait au travers de médias réformés et apaisés, d’entreprises éthiques, d’artistes engagés et d’une publicité responsable. Communicants, publicitaires, artistes, médias et grandes marques aspirationnelles, tous créateurs de modèles culturels, auraient un devoir : contribuer à remettre la beauté et l’homme au centre de leurs préoccupations. Je parle ici de la beauté pure « Kantienne », de la beauté grecque qui selon Stendhal peut contribuer à notre bonheur.
Les périodes de chaos sont les plus propices à l’instauration d’un ordre nouveau et harmonieux. La Renaissance Italienne n’est-elle pas le plus bel exemple de transformation d’une société après des siècles d’obscurantisme ? La lumière a chassé les ténèbres, la beauté a vaincu la peur, préparant pendant deux siècles l’esprit des Lumières, de la liberté et de la recherche du bonheur.
La beauté ne peut être que la promesse du bonheur, elle est aussi le chemin vers l’harmonie et un ciment social nécessaire entre les individus. Pour inspirer la jeunesse et les forces vives de notre pays, les passeurs – artistes, médias, communicants et grandes entreprises – ont une tâche immense à la fois morale et sociale.
A-t-on le droit d’hésiter quand un nouveau millénaire fait ses premiers pas et que le futur vacille ? La beauté est une promesse. Elle redonne espoir et sauve du renoncement.
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