IA et écologie : un prompt complexe vaut mieux que 5 prompts simples
Une première en France : un comparatif de l’impact environnemental entre les IA génératives
Dans le cadre du GreenTech Forum à Paris, Razorfish (Publicis) a présenté ce matin l’édition 2024 de son Baromètre de l’Éco-Conception Digitale intégrant, pour la première année, l’analyse de l’impact des interfaces d’IA génératives sur l’environnement.
Charlotte Dollot, directrice générale de Razorfish France a d’emblée posé la problématique : « La consommation électrique explose dans le monde et c’est clairement lié au digital. Et la course à l’IA va accentuer le poids du digital dans les gaz à effet de serre ».
Mais comment mesurer cet impact environnemental ? « L’évaluation reste difficile, voire impossible. En effet, les données concernant l’utilisation des serveurs et data centers qui permettent de les faire fonctionner ne sont pas accessibles. » explique Razorfish. « Néanmoins, il est possible d’évaluer la partie émergée de l’iceberg : les interfaces utilisées pour prompter et les résultats affichés. » C’est ce que Razorfish a réalisé avec l’aide de Green IT. Douze IA génératives ont été passées au scalpel de l’EcoIndex, l’algorithme mis au point par le collectif Green IT. Celui-ci permet de positionner les IA sur une échelle de performance environnementale allant de la lettre A à la lettre G.
Parmi les 6 IA textuelles et les 6 IA créatives évaluées, ce sont deux IA textuelles (Mistral AI et ChatGPT) qui ont les interfaces les moins coûteuses pour l’environnement.
Au chargement des interfaces, les IA textuelles évaluées ont un score moyen de C avec un EcoIndex de 55/100, ce qui est nettement mieux que les sites web institutionnels du CAC40 ou que les acteurs du e-commerce, mesurés par ailleurs dans le baromètre. Malheureusement, la performance environnementale s’effondre au fur et à mesure des prompts que crée l’utilisateur. Après le 1er prompt, pour un même service rendu, les impacts varient d’un rapport de 1 à 3, ce qui prouve que certaines IA sont plus respectueuses de la planète que d’autres. Après 5 prompts, la performance environnementale chute pour obtenir le score final de E (EcoIndex de 27/100).
« Un prompt complexe est moins coûteux pour l’environnement que 5 prompts successifs à l’échelle de l’interface. Cela permet en effet de gagner jusqu’à 31 points d’EcoIndex soit une économie de 1 644 249 litres d’eau et 109 616 kg eq.CO2 », souligne l’étude.
Parmi les six IA textuelles évaluées, trois sont de types « IA assistant » et trois de type « IA Search ». L’analyse de Razorfish montre clairement que les IA Assistant sont plus éco-conçues que les IA de Search dont l’index chute dès les premières requêtes.
Du côté des IA créatives (images), les impacts environnementaux sont plus importants encore avec un score moyen d’éco-conception de D (40/100) au lancement des interfaces, qui tombe à F (18/100) après 6 prompts. Que ce soit MidJourney, Dall-e ou encore Firefly, les IA créatives scorent en-dessous de 30/100 avec des notes de E, F ou G.
Enfin, concernant les autres sites web, le baromètre relève que « le CAC40 ralentit ses efforts d’éco-conception et le e-commerce recule ».Les 80 sites web étudiés, « représentatifs de la vitalité économique française », ont une note moyenne d’éco-conception digitale en dessous de 30/100, en régression de 2 points par rapport à la moyenne de 2023. Dans l’univers du CAC 40, c’est Arcelor Mittal qui a le meilleur index cette année (72/100), devant Unibail Rodamco Westfield (59/100) et Essilor Luxottica (56/100).
Méthodologie du volet IA de l’étude : L’analyse a porté sur 12 IA génératives - 6 textuelles et 6 créatives - qui ont été évaluées avec l’algorithme EcoIndex pour les positionner sur une échelle de performance environnementale allant de A à G. Les 6 IA textuelles sont : ChatGPT, Claude (Anthropic), Copilot (Microsoft), Gemini (Google), Mistral AI et Perplexity. Les 6 IA créatives (images) sont : Civitai, Dall-e, Firefly (Adobe), Leonardo AI, MidJourney et Pixlr. L’étude est disponible sur demande auprès de Razorfish.