SICA 2024 : faire de la Côte d’Ivoire “un carrefour international de l’audiovisuel”
Un employé d’une compagnie aérienne à l'aéroport de Paris-Charles de Gaulle s'étonne : "Je n’ai jamais vu autant de classe business dans un vol vers Abidjan”. Une des raisons serait peut-être la tenue du 5 au 7 novembre du Salon International des Contenus Audiovisuels (SICA) au sein de la principale ville de la Côte d’Ivoire. De retour pour une deuxième édition, ce Salon entend rassembler près de 250 professionnels venus du monde entier, et autres curieux, autour du thème "Innovation diversité et financement dans le secteur de l’audiovisuel et cinématographique : solution pour une nouvelle ère de l’audiovisuel en Afrique".
“Un narratif Africain”
Lancé il y a un an par le ministère de la communication, l’événement entend faire rayonner l’industrie audiovisuelle à un niveau national et régional. “Pendant 72 heures, nous sommes la capitale audiovisuelle du continent”, déclare à l’ouverture du salon Amadou Coulibaly, ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement. Selon le rapport L’industrie du film en Afrique : tendances, défis et opportunités de croissance, publié en 2021 par l’UNESCO, l'industrie cinématographique et audiovisuelle génère 5 milliards de dollars de PIB sur le continent. Ce chiffre pourrait passer à “20 milliards si une exploitation (du secteur) est judicieusement conduite”, affirme le Premier ministre Robert Beugré Mambé, également présent mardi matin. Une donnée déjà citée en 2021 par la Fédération panafricaine des cinéastes (FEPACI).
“Il existe un narratif Africain que nous devons nous approprier”, défend le ministre de la communication en citant la franchise Marvel Black Panthers ou l’animé Le Roi Lion. Les ambitions du gouvernement ne se limitent pas au continent puisque le SICA s’adresse à l’ensemble des acteurs dans le monde : “nous voulons faire de la Côte d’Ivoire un carrefour international de l’audiovisuel, et nous en avons les moyens”, soutient Amadou Coulibaly. Les organisateurs et professionnels ont plaidé en faveur de nouveaux modèles de financement, un renforcement des collaborations entre le public et le privé ainsi qu’une meilleure formation et soutien aux jeunes créateurs. Pour attirer les investisseurs étrangers, le Premier ministre a aussi rappelé que la région rassemble un vivier de jeunes très connectés et consommateur de contenus vidéos.
Montrer l’exemple
Au Sofitel Ivoire où se tient le SICA, plusieurs acteurs clé de l’industrie ont pris la parole, dont le franco-américain Alex Berger. Le producteur de La Maison (Apple TV) a présenté le modèle de sa société de production TOP - The Originals Productions. Pour lui, “il faut avoir un peu d’argent pour développer une idée”, mais surtout penser dès le départ à “traduire l’ADN d’une marque partout et dans tous les pays”, à l’image du Bureau des Légendes (groupe Canal +) qu’il lance prochainement en Afrique. Le professionnel s’est notamment adressé aux jeunes publics, venus participer en groupe scolaire au SICA. Présent à distance le président par intérim du Centre national du cinéma et de l'image animée (CNC), Olivier Henrard en a profité pour leur rappeler son ouverture “au cinéma de la francophonie” à travers des coproductions, le Fonds jeune création francophone (dont fait partie l’Union européenne, France Télévisions et TV5 Monde), des bourses de formation, des résidences d’écriture ou encore le programme DEENTAL-ACP (Afrique, Caraïbes, Pacifique), étendu jusqu’en 2025.
D’autres professionnels viendront présenter leurs parcours et échanger lors de tables rondes mercredi. C’est le cas du directeur associé de Booska-P et fondateur de l’agence Dare.Win (devenue Media. Monks) Wale Gbadamosi Oyekanmi ou David Defendi, président de l’entreprise d’intelligence artificielle Genario. Une petite vingtaine d'exposants sont également présents comme Canal +, TV5 Monde ou L'Agence France-Presse (AFP).