L’Humanité se dit « ostracisé » par le secteur publicitaire
Le président du directoire de L'Humanité Fabien Gay et le secrétaire général Anthony Daguet ont dénoncé "l’ostracisme publicitaire" envers leur média, lors d’un petit déjeuner de l’Association des journalistes média (AJM) le 29 octobre. Ils regrettent le manque d’enthousiasme des annonceurs alors que "leurs lecteurs sont des consommateurs comme tout le monde", souligne Anthony Daguet. Pour l’instant, la publicité rapporte 1 million d’euros sur les 30 millions d’euros de dépenses du journal.
Dans le viseur des responsables, la communication gouvernementale. Fabien Gay, également sénateur de la Seine-Saint-Denis, développe : "nous ne sommes pas contre la publicité, je ne critique pas une entreprise privée qui n’a pas envie de communiquer chez nous… Mais les 65% de la communication gouvernementale diffusée autour de cinq titres de presse sont des aides et subventions déguisées" de l’Etat. Le responsable est revenu plusieurs fois sur le manque de communication du gouvernement lors de la pandémie de Covid-19, et les campagnes de vaccination.
Une taxation de la publicité ailleurs
Anthony Daguet évoque également un problème de bloqueur de publicité en ligne lorsque des mots comme “violence” ou “sexe” sont mentionnés. "Les marques ne veulent pas être associées à certains types de contenus", note le secrétaire général. Les deux hommes suggèrent de "taxer les transactions publicitaires" et notamment celle des médias télévisés et des plateformes numériques, d’environ 1%. La somme serait rassemblée dans un fonds dédié qui reverserait aux titres de presse qui touchent moins de revenus publicitaires. "Un système coopératif et mutualiste" estime Fabien Gay. Pour rappel, le quotidien bénéficie d’une part de financement du fonds d'aide aux quotidiens à faibles ressources publicitaires.
Pour compenser, le titre s’appuie sur les donations, “partie intégrante de notre modèle économique”, glisse Fabrice Gay. Le titre lance en moyenne 2 à 3 appels aux dons par an. Ils couvrent environ 2 millions d’euros du montant des dépenses de l’Humanité. Le président du directoire déclare vouloir “diminuer cette dépendance”. Le reste du modèle économique repose sur environ 3 millions d’euros de subventions de l’Etat.
Un renforcement de l'événementiel et du numérique
Une autre ressource non-négligeable de L’Humanité : la "fête de l’Huma". L’événement annuel a rapporté en 2024 environ 1,5 million d’euros de recette au journal. D'autres déclinaisons sont prévues en régions, comme les 16 et 17 novembre à Rouen en Normandie. La dernière édition en région parisienne a permis également le lancement test d’une émission diffusée sur Twitch. Dès le 20 novembre, la chaîne intitulée "Huma ! – Stream" servira à prolonger les débats politiques.
Le nouveau studio de l’Humanité, financé à 50 000 euros, permettra le tournage de deux émissions hebdomadaires. Le titre souhaite se renforcer sur le digital, et notamment sur la vidéo. Pour l’instant, le journal fondé par Jean Jaurès il y a 120 poursuit sa conquête de lecteurs. L’Humanité compte à ce jour 40 000 abonnés, dont 12 000 sur le numérique exclusivement, 20 000 sur le print et 8 000 sur un modèle mixte.