Dimitri Aït Kaci (Hearts & Science) : « les médias me manquaient »

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Quand une agence media s’invente…

Depuis ce mois de septembre, Dimitri Aït Kaci assure la co-direction générale de la jeune agence média Hearts & Science (Omnicom Media Group). Pour CB News, il revient sur son parcours et explique le fonctionnement du management en duo de l’agence. Et trace également les contours d’une feuille de route ambitieuse. Interview.

CB News : Depuis 2017, vous êtes le fondateur du cabinet de conseil spécialisé dans le leadership et le storytelling Heroes Conseil. En rejoignant Hearts & Science, vous passez d’un statut d’entrepreneur où vous êtes maitre chez vous à un statut où vous l’êtes un peu moins…

Dimitri Aït Kaci : C’est vrai. Le passage du salariat à l'entreprenariat n'est pas facile et dans l’autre sens, également. Cependant, je dirais que la première chose qui m’a convaincu de passer le pas, c’est que les médias me manquaient. Et quand un univers vous manque, vous savez après avoir fait votre choix déployer l'énergie qu'il faut pour vous y adapter. Deuxièmement, être un entrepreneur aujourd'hui, ce qui était mon cas dans le monde du conseil, du service et du coaching, c'est quand même être en prise avec beaucoup de partenaires, de prestataires, de clients, etc. On n'est pas isolé, on est dans un écosystème très fort. Mais c'est vrai que cette expérience d'entreprenariat m'a permis aussi d'être au cœur d'entités humaines, de voir de nouvelles façons de travailler, d’observer certains dysfonctionnements… Ce nouvel éclairage m’a donné envie de revenir dans le monde des agences.

CB News : Vous êtes un expert dans le monde des agences media. Vous êtes passé par Universal Comcord, Mindshare, Starcom, Initiative et même chez l’annonceur (Société Générale)…

Dimitri Aït Kaci : Je me disais souvent après avoir quitté cet écosystème, qu’à l’aune de mon expérience d’entrepreneur, j’aurais pu raconter une autre histoire lorsque j’étais à la direction de certaines de ces agences. Lorsque Benjamin Grumbach et Franck Farrugia (co-CEOs d’Omnicom Media Group France, NDLR) m'ont proposé de revenir dans ce monde, je me suis dit que cela faisait parfaitement écho avec ce qui résonnait en moi ces dernières années. Je pense, de plus, que de leur côté, ils ont été intéressés par ce parcours de consultant qui m’a permis de prendre du recul par rapport au monde des médias, et qui m’a enrichi.

CB News : En rejoignant Hearts & Science, vous allez là aussi changer d’habitude de management. Vous allez former un duo de directeurs généraux avec Charles Roussaux. Comment allez-vous travaillez ensemble ?

Dimitri Aït Kaci : Nous ne nous connaissions pas. Benjamin Grumbach et Franck Farrugia ont senti que nous serions complémentaires. Ils nous ont donné l'occasion de nous rencontrer plusieurs fois, avant que l’on décide de travailler ensemble. Il était fondamental que l’on ait cette envie commune de co-construire. Avec Charles, nous nous inspirons beaucoup de la façon dont fonctionnent Benjamin et Franck pour de notre côté mettre en place notre propre grammaire. Quoi qu’il en soit, notre volonté à Charles c'est de garder en tête la différence qu'il y a entre nous. Charles a un background très digital, dans la performance tandis que j'ai un parcours qui est davantage plurimédia

CB News : Cela signifie quoi concrètement ?

Dimitri Aït Kaci : L'idée que l’on a, c'est de ne surtout pas créer deux silos de verticalité dans cette agence, avec d’un côté Hearts et de l’autre Science, mais de co-fonctionner. C’est une règle que l’on s’impose. Nous avons, déjà, un bureau commun. Nous souhaitons tout partager du quotidien de la vie de l’agence. Notre complémentarité doit être porteuse de valeurs pour nos clients et nos équipes. C'est aussi une règle que l’on a partagée avec nos équipes : tout ce qui est partagé avec l'un, le sera avec l'autre.

CB News : Dans une interview accordée à CB News début 2024, Charles Roussaux disait qu'aujourd'hui, les revenus, les investissements et l'activité de l'agence, c'était plus de 50% sur le digital. Votre feuille de route c’est la progression du digital ?

Dimitri Aït Kaci : La feuille de route pour Charles et moi, elle ne doit pas être guidée par l'objectif d'une structure de chiffre d'affaires. C'est un fait que l'ADN d'Hearts & Science est aujourd'hui très digital, très performance. Mais nous avons aussi des clients plurimedia (Warner, Jaguar, Land Rover…). Alors certes, le digital va rester très fort chez Hearts & Science. Nous structurons l’agence de façon à rester capables d'être face à des pure players, des startups, des entreprises de la tech que nous voulons, bien sûr, continuer à accompagner. Mais nous avons la conviction que ce savoir-faire-là va nous permettre d'encore mieux accompagner des marques qui ont des problématiques plurimedia, et ce, même si elles sont guidées par des problématiques de branding. Ce qui nous intéresse, c’est d’avoir un ADN d'agence très axé sur la performance, avec un objectif de résultat, et avoir une rigueur d'exécution sans pareil. C'est sur cette culture que l’on veut construire. Nous ferons des annonces d’ici la fin de l’année.

CB News : Cela crée de nouvelles ambitions ?

Dimitri Aït Kaci : Notre objectif est effectivement d'aller chercher de nouveaux annonceurs plurimedia, de toute taille, parce que nous avons cette agilité qui nous permet d'accompagner des annonceurs de petite ou moyenne taille, mais aussi de gros annonceurs par notre adossement à Omnicom. Au final, nous ambitionnons d'accompagner des annonceurs sur l'ensemble du funnel, de la considération en préférence de marque, jusqu'à l'acquisition et la transformation. J’ai le sentiment aujourd’hui que partir d'une agence qui est digitale, pour l'amener à avoir une empreinte beaucoup plus plurimédia, c'est beaucoup plus facile et c'est beaucoup plus excitant.

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