L'ARCOM inflige de nouvelles amendes à CNews et C8
L'Arcom a sanctionné la chaîne d'information CNews d'amendes de 60 000 et 20 000 euros pour "manquements" à ses obligations, alors que sa fréquence, comme 14 autres de la TNT, est remise en jeu pour 2025. L'audition de la chaîne, détenue par Vincent Bolloré et régulièrement épinglée par l'Arcom, se tiendra lundi prochain. La première des sanctions rendues publiques mercredi porte sur un débat consacré au projet de loi immigration, la seconde sur des propos climatosceptiques. "Il ressort du compte rendu de visionnage de l'émission La Matinale Week-End diffusée le 10 décembre 2023 que dans le cadre d'un débat consacré au projet de loi immigration, puis d'une séquence relative au Rassemblement National, deux invités ont déclaré "l'immigration tue", sans aucune réaction de l'animateur ou des autres personnes présentes en plateau", a écrit l'instance dans sa décision. L'autre séquence mise en cause concerne l'émission "Punchline Eté", rapportant que le mois de juillet 2023 avait été le mois le plus chaud jamais enregistré. Au cours de cette émission, l'un des intervenants a contesté l'influence humaine sur le réchauffement climatique en déclarant : "Le réchauffement climatique anthropique est un mensonge, une escroquerie, à un moment il va falloir poser les choses scientifiquement".
Également examinées par l'Arcom, les émissions "L'Heure des pros 2" diffusée sur CNews le 15 novembre 2023 et "24h Pujadas" diffusée sur la chaîne LCI (groupe TF1) le 7 décembre 2023, qui évoquaient le conflit entre Israël et le Hamas à Gaza, ont quant à elles été mises "hors de cause". Avec CNews et C8, autre chaîne du groupe Canal+, 24 candidats au total sont en lice dans la procédure lancée fin février par l'Arcom pour renouveler certaines fréquences de la télévision numérique terrestre (TNT). Avant le verdict fin juillet, les chaînes candidates à la remise en jeu de 15 canaux vont défendre leur dossier dans une série d'auditions, qui ont commencé lundi.
Le Conseil d'Etat valide les sanctions pour C8
C8, qui a reçu ces dernières années un total de plus de 7,5 millions d'euros d'amendes en raison des polémiques provoquées par sa vedette, l'animateur-producteur Cyril Hanouna, a été auditionnée mardi. Elle s'est engagée à diffuser son émission "Touche pas à mon poste" avec un différé allant jusqu'à 45 minutes afin de "garantir la maîtrise de son antenne". Parmi ces sanctions figure celle - record - de 3,5 millions d'euros infligée à la suite des insultes proférées par M. Hanouna contre le député LFI Louis Boyard en novembre 2022. Celle-ci a été confirmée mercredi par le Conseil d'Etat, tout comme celle de 500 000 euros liée à une autre émission de "Touche pas à mon poste" où un intervenant avait évoqué la consommation d'une prétendue drogue à base de sang d'enfant par des personnalités.
L'Arcom, qui a le pouvoir de retirer sa fréquence à une chaîne en cas de manquements graves à ses obligations, recourt de "façon très parcimonieuse" à cette "sanction suprême", rappelait en février le président du régulateur de l'audiovisuel, Roch-Olivier Maistre. Au printemps, le rapporteur d'une commission d'enquête parlementaire sur les fréquences TNT, Aurélien Saintoul (LFI), avait écrit dans un bilan qu'il "ne comprendrait pas que les chaînes CNews et C8 puissent se voir en l'état renouveler leurs autorisations de diffusion". Europe 1, radio également dans le giron de M. Bolloré, a reçu fin juin une mise en demeure de l'Arcom pour manque de "mesure" et d'"honnêteté" dans l'émission présentée par M. Hanouna à l'occasion des élections législatives anticipées.