L'UE réclame des explications à TikTok sur la rémunération
La Commission européenne a réclamé mercredi 17 avril des explications au réseau social TikTok sur les risques d'addiction liés au déploiement en France et en Espagne d'un nouveau service rémunérant les utilisateurs qui regardent des vidéos. L'exécutif européen explique avoir demandé "des détails sur l'évaluation des risques" que TikTok, propriété du groupe chinois ByteDance, "aurait dû effectuer avant le déploiement de la nouvelle application TikTok Lite dans l'UE". "Cela concerne l'impact potentiel du nouveau programme de récompenses sur la protection des mineurs et la santé mentale des utilisateurs, en particulier en ce qui concerne la stimulation potentielle du comportement addictif", a précisé la Commission.
TikTok a annoncé le 11 avril le lancement du nouveau service en France et en Espagne. TikTok Lite dispose d'une nouvelle fonctionnalité destinée aux utilisateurs de 18 ans et plus : le "Programme de récompenses", qui permet aux utilisateurs de gagner des points en effectuant certaines "tâches" sur TikTok, telles que regarder des vidéos, aimer du contenu, suivre des créateurs, inviter des amis à rejoindre TikTok, etc. Ces points peuvent être échangés contre des récompenses, telles que des bons Amazon, des cartes-cadeaux via PayPal ou la monnaie de TikTok qui peut être dépensée pour donner des pourboires aux créateurs.
Une première étape
La procédure lancée mercredi n'est pas la première concernant TikTok. TikTok doit transmettre sous 24 heures son "évaluation des risques" liés à la nouvelle application doit répondre à une série de questions d'ici au 26 avril. La demande d'information annoncée mercredi ne constitue pas une mise en cause à ce stade. Il s'agit toutefois d'une première étape dans une procédure qui peut conduire à l'ouverture d'une enquête formelle, et à terme à de lourdes sanctions financières en cas d'infractions avérées à la règlementation.
Cette demande formelle intervient dans le cadre de la nouvelle législation européenne sur les services numériques (DSA) qui impose depuis l'an dernier à 22 très grands acteurs de l'internet, dont TikTok, des règles renforcées pour garantir la sécurité des utilisateurs. La Commission avait déjà ouvert en février 2024 une procédure formelle contre TikTok, soupçonné d'avoir enfreint la DSA dans des domaines liés à la protection des mineurs, à la transparence de la publicité, à l'accès aux données pour les chercheurs, ainsi qu'à la gestion des risques liés à la conception addictive et au contenu nocif de son application. La Commission rassemble maintenant plus de preuves.