Télérama condamné en appel pour licenciement abusif d'un journaliste accusé de "harcèlement sexuel"
Le magazine Télérama a été condamné en appel pour avoir licencié "sans cause réelle et sérieuse" en 2019 le journaliste Emmanuel Tellier, accusé de "harcèlement sexuel", ce qu'il contestait, selon une décision consultée par l'AFP, confirmant une information du média Factuel. Dans cet arrêt daté du 28 novembre, la cour d'appel de Paris a confirmé la décision de première instance prise par les prud'hommes en avril 2021. "Le licenciement intervenu est, ainsi que l'ont retenu les premiers juges, sans cause réelle et sérieuse", et constituait une sanction "disproportionnée", a estimé la cour d'appel.
Elle retient seulement deux faits, un courriel et une conversation, qui peuvent relever "d'un comportement inapproprié" mais pas de "l'attitude harcelante imputée par l'employeur". Pour le reste, "nombre de faits reposent sur des rumeurs et des propos rapportés ou des témoignages indirects voire des faits vagues", poursuit l'arrêt. "Je voudrais juste qu'on me laisse tourner la page (...) Le mal est fait, la vie continue", a réagi M. Tellier sur le réseau social X (ex-Twitter), sans souhaiter faire d'autre commentaire.
Le "respect" à la parole des victimes
"Nous rappelons que nous donnons toute son importance à la parole des victimes, ici multiples, et assumons notre responsabilité en matière de protection des salariés", ont pour leur part indiqué Fleur Lavedan et Valérie Hurier, présidente du directoire et directrice de la rédaction de Télérama, dans un message interne aux salariés. Sollicité par l'AFP, le magazine culturel, qui appartient au groupe Le Monde, n'a pas souhaité faire plus de commentaires. Télérama a été condamné à verser 90 000 euros d'indemnités à M. Tellier, aujourd'hui journaliste à Marianne, ainsi que 5 000 euros au titre des frais de justice.
M. Tellier avait été licencié en mai 2019 pour faute simple, en même temps qu'un autre journaliste, renvoyé lui pour faute lourde, après une enquête interne. Cette enquête avait été déclenchée après des signalements recueillis par l'agence de conseil Egaé, cofondée par la militante féministe Caroline de Haas. Cette agence, dont le domaine d'activité est la prévention des violences sexistes, avait été engagée par le groupe Le Monde. L'enquête avait été menée par la DRH du groupe Le Monde, assistée de Mme de Haas. "Les règles en matière d'enquête ont bien été respectées", a estimé la cour d'appel.