TikTok : une commission d'enquête dans les tuyaux au Sénat
Une commission d'enquête sur le réseau social chinois TikTok, très critiqué aux Etats-Unis et surveillé de près en Europe, devrait voir le jour au Sénat, à la demande du groupe Les Indépendants. Le président du groupe, Claude Malhuret, a déposé une proposition de résolution, mise en ligne vendredi sur le site du Sénat, demandant la création de cette commission d'enquête. Elle doit cependant satisfaire des critères de recevabilité et être actée par la Conférence des présidents, dont la prochaine réunion est programmée mercredi.
Chaque groupe politique a droit à la création d'une commission d'enquête ou d'une mission d'information par année parlementaire (droit de tirage). Selon Claude Malhuret, la commission d'enquête devrait "faire toute la lumière" sur les accusations lancées contre le réseau TikTok depuis quelques mois. La plateforme chercherait, selon l'exposé des motifs de sa demande, "à accroître le caractère addictif de son application par la propagation de contenus tapageurs à l'étranger", alors que sa version pour le marché chinois "partagerait au contraire des contenus pédagogiques". Elle devra également "déterminer si TikTok a manqué à ses obligations en matière de protection des données à caractère personnel".
Claude Malhuret est particulièrement actif sur ces questions liées à la protection des données et à la responsabilité des plateformes quant aux contenus qu'elles diffusent. Il avait été en 2019 un des rares sénateurs à soutenir la mesure phare de la loi Avia, l'obligation pour les plateformes de retirer sous 24 heures les contenus "manifestement" illicites, soulignant que "la liberté d'expression ce n'est pas de diffuser de la haine". Propriété du géant chinois ByteDance, TikTok est dans le collimateur des autorités américaines. Une loi qui vient d'être ratifiée par le président Joe Biden interdit l'utilisation de la plateforme de partage de vidéos à la Chambre des représentants et au Sénat, ainsi que sur les appareils des fonctionnaires.
Les élus conservateurs accusent en effet TikTok d'être un outil d'espionnage ou de propagande au service de Pékin. En Europe, plusieurs hauts responsables européens ont appelé, début janvier, le PDG du réseau social chinois Shou Zi Chew à respecter "entièrement" les règles de l'UE, concernant notamment la protection des données et la lutte contre la désinformation. En France, l'opacité de TikTok a été épinglée par l'autorité de régulation du numérique Arcom dans son rapport publié fin 2022 qui souligne que l'entreprise a "pris une place incroyable à une vitesse fulgurante", notamment auprès des jeunes. Le président Emmanuel Macron, qui a lui-même un compte avec près de 4 millions d'abonnés, juge le réseau d'une "naïveté confondante".