L’espace du vide pour l’emballage
Du plastique "superflu" voire "inutile", pour protéger les aliments : malgré la loi anti-gaspillage de 2020, le "suremballage" persiste, déplore l'association de consommateurs CLCV, dans une étude publiée jeudi.
"De très nombreux emballages sont remplis majoritairement… de vide", dénonce la CLCV dans cette étude, pour laquelle elle a étudié les emballages de plus de 250 produits alimentaires entre fin février et mi-mai 2022, dans neuf enseignes de la grande distribution. "La palme revient à des paquets de ravioles, d'amandes, de granola ou de lardons, qui contiennent 55% de vide", souligne la CLCV, qui indique par ailleurs que "de nombreux produits sont entourés par un emballage qui semble inutile", citant les films plastiques autour de boîtes de thé, de chocolats ou de légumes, ou les manchons cartonnés autour de yaourts, de compotes ou de pizzas. Elle demande aux professionnels de "privilégier les emballages utiles pour la préservation et le transport, simples (un seul matériau), légers et composés de matériaux recyclables", estimant que ces "suremballages" sont davantage le produit de considérations marketing que d'un souci de bonne conservation du produit, "puisque ces mêmes produits existent de plus en plus sans emballage superflu".
Les pouvoirs publics également interpellés
Afin d'inciter les industriels à faire davantage d'efforts, la CLCV enjoint les consommateurs de changer leurs pratiques : "privilégier les produits sans suremballage, éviter les emballages en portions, penser au vrac et réutiliser les emballages quand cela est possible". Les pouvoirs publics sont également interpellés et sommés de "renforcer les dispositifs de tri dans les lieux publics pour capter les emballages nomades (canettes, bouteilles en plastique, emballages sandwich...) et de mettre en place des actions de pédagogie à l'attention des consommateurs pour améliorer la collecte". Si la France recycle 100% de l'acier ou 85% du verre employés dans ses emballages ménagers, la proportion pour le plastique tombe à 28%, selon des chiffres 2020 de l'organisme Citeo.
Ce chiffre, qui place la France parmi les mauvais élèves de l'Europe, s'explique notamment par l'impossibilité technique de recycler certains plastiques et "le non-respect du tri des emballages", jetés avec le tout-venant, notamment à l'extérieur du domicile, en raison du manque de poubelles de tri. Au-delà du cas des produits alimentaires industriels, l'étude relève que de "nombreux fruits et légumes" dont la loi prévoyait la vente sans emballage plastique à compter du 1er janvier 2022, étaient encore très nombreux à être vendus en rayon sous plastique, lors de la réalisation de l'étude.