Charlie Hebdo : l’ex DG débouté par le Tribunal de commerce
L'ex-directeur général de Charlie Hebdo, en conflit avec le journal satirique au sujet du prix de vente de ses parts dans l'hebdomadaire, a été débouté en mai par le tribunal de commerce de Paris, selon un jugement dévoilé par le magazine Capital et dont l'AFP s'est procuré jeudi une copie. Éric Portheault, qui détient 33% du capital du journal et avait quitté début 2018 la direction générale de l'hebdomadaire satirique, voulait céder ses parts pour 1,8 million d'euros. Une somme calculée en vertu d'une clause figurant dans les statuts de Charlie Hebdo, et qui devait refléter la forte hausse des fonds propres du journal, après l'envolée des ventes consécutive à l'attentat de janvier 2015 contre la rédaction de l'hebdomadaire. Mais le directeur du journal, Riss, avait saisi le tribunal de commerce, estimant que la clause invoquée, introduite dans les statuts du groupe quelques mois après l'attentat, n'était pas valide. L'ancien DG avait contre-attaqué devant la même instance pour obtenir gain de cause. Riss, grièvement blessé dans l'attentat, avait bien approuvé la modification des statuts, mais il arguait qu'il sortait tout juste d'une longue hospitalisation et a assuré ne pas avoir été informé par Éric Portheault de l'introduction de cette clause. Ce que conteste catégoriquement ce dernier.
En outre, Riss a fait valoir plusieurs déclarations de l'ancien directeur général et de lui-même, dans lesquelles ils s'étaient tous deux engagés à ce que "l'argent des morts", c'est-à-dire les bénéfices tirés de l'envolée des ventes de Charlie Hebdo après l'attentat de janvier 2015, serve uniquement à "pérenniser le journal", et non à rémunérer ses actionnaires. Dans son jugement rendu le 14 mai, le tribunal de commerce a donné raison à Riss en jugeant que l'adoption des statuts n'était pas valide. Il a jugé que la formule de calcul liant la valeur de rachat des titres aux fonds propres de Charlie Hebdo ne pouvait donc pas s'appliquer. Contacté par l'AFP, l'avocat d’Éric Portheault a indiqué qu'il allait interjeter appel, sans commenter le jugement. L'hebdomadaire n'a pas souhaité s'exprimer.