Droit voisin : Daniel Kretinsky (CMI France) ne « signera pas » avec Google
Daniel Kretinsky, patron du groupe de presse CMI France (Elle et ses déclinaisons, Version Femina, Télé 7 Jours, Télé 7 jeux, France dimanche, Ici Paris, Marianne) ne "signera pas" "l'accord injuste", selon lui, proposé par Google aux éditeurs de presse français dans le cadre des négociations sur les droits voisins. "Au lieu de chercher un modèle juste, raisonnable et transparent pour rémunérer les droits voisins, Google essaye d'acheter les médias, d'imposer sa volonté et son modèle", déplore le milliardaire tchèque, également actionnaire du groupe Le Monde, dans une tribune parue jeudi dans Libération. Après l'Autorité de la concurrence, la Cour d'appel de Paris a enjoint le mois dernier la plateforme américaine de négocier avec les éditeurs de presse sur les droits voisins, qui prévoient une rémunération pour les contenus (photos et vidéos notamment) utilisés par les plateformes en ligne. "Ces négociations n'ont pas abouti et Google a décidé de proposer directement à certains éditeurs des accords particuliers. Évidemment, pour beaucoup de ces derniers, il aura été difficile de refuser. Moi, je ne les signerai pas", écrit Daniel Kretinsky, ajoutant que "CMI a la chance d'être adossé à un groupe solide qui peut faire face à une procédure judiciaire longue si nécessaire". S'il juge "louable" le "pas vers la négociation" de Google, le patron tchèque reproche au géant américain le manque de transparence du calcul des droits voisins et l'insuffisance des montants, "30 millions € pour toute la presse alors qu'on estime les revenus générés par Google en France à environ 2 milliards d'euros par an". "C'est plutôt l'arbitraire que l'équité, plutôt l'abus de position dominante que le respect du droit voisin. Google profite de son pouvoir de négociation face à des titres en situation économique difficile. Quand on a sa puissance et son assise financière, on se doit d'avoir une attitude plus responsable, plus citoyenne, plus généreuse aussi", dénonce-t-il. "L'État doit jouer son rôle. S'il ne le fait pas, nous demanderons aux tribunaux de le faire. Et nous sommes prêts à le faire pour tous les petits éditeurs qui n'y trouveraient pas leur compte et pour les journalistes qui seront aussi lésés par des accords en trompe l'œil", prévient le patron de presse.