Une association pour « agir pour l’indépendance des médias » : Au Bout du Monde
« Certains pensent que, face à la crise actuelle des médias, la générosité d’une poignée de mécènes est la seule solution. Mais 10 millions de citoyens visitant chaque mois le site du Monde et contribuant chacun à hauteur de 5 euros pourraient apporter beaucoup plus à un média », indique la nouvelle présidente depuis le début de l’année de la Société des Lecteurs du Monde, l’économiste Julia Cagé. Afin d’accorder la parole aux actes, la Société des Lecteurs du Monde et le Pôle d'Indépendance du Monde* se sont associés pour la création pendant l’été d’une association à but non lucratif : Un Bout du Monde. Avec pour ambition « d’agir pour l'indépendance des médias », peut-on lire sur son site internet, l’association a la volonté d’« exister dans le capital des organes de presse, à commencer par celui du groupe Le Monde ». Pour accompagner ses actions, elle envisage notamment la mise en place de campagne de crowdfunding auprès du grand public pour l’acquisition d’actions ou de parts sociales dans des médias mais aussi de se positionner au soutien d’initiatives de journalistes ou d’autres salariés « dans le but de devenir actionnaires de leurs titres », plaide-t-elle. L’association entend en outre prendre la « défense d’une gouvernance démocratique des médias préservant leur indépendance » alors que des actions pédagogiques et des événements pourront être organisés « pour défendre l’indépendance de l’information et l’existence d’une presse libre ».
*: Le Pôle d'Indépendance du Monde est composé de la Société des rédacteurs du Monde (SRM, rassemblant les journalistes), de la Société civile des Publications de La Vie catholique, de la Société des lecteurs du Monde, de la Société des cadres du Monde, de la Société des employés du Monde, de la Société des personnels du Monde, de la Société des personnels de Courrier international et de l’Association des actionnaires minoritaires du Monde. En 2020, ce Pôle d'indépendance détient 25% du capital de la Société éditrice du Monde (qui publie Le Monde mais également Télérama, Courrier international, La Vie et détient 35% des parts du HuffPost ainsi que 51 % du Monde diplomatique). Les 75% restants sont détenus par Le Monde Libre (LML), codétenus par Xavier Niel, Matthieu Pigasse, Madison Cox (l’exécuteur testamentaire de Pierre Bergé) et le groupe espagnol de presse Prisa. Quant à la Société des lecteurs du Monde, créée en 1985, elle réunit aujourd'hui 12000 lecteurs-actionnaires. Elle est destinée à grouper des personnes physiques ou morales « attachées à l’existence du quotidien Le Monde, soucieuses d'en assurer l’indépendance à l'égard de tout pouvoir économique et politique ».