Digitale Overdose
Qui sont les français déconnectés ? Existe-t-il encore une fracture numérique en France ? Hier matin, Havas Media, par la voix de son président Dominique Delport, répondait à la question, « Unplugged » à l’appui, l’enquête du groupe sur ces 25% de Français qui vivent en marge des nouvelles technologies. Exercice libre ou imposé, manque d’accès Internet ou bouderie : Havas Media s’appuie notamment sur les données de Simm-TGI de Kantar Media et de l’enquête metrixLAB pour décortiquer les us et coutumes de ces 9,5 millions de Français qui sont par nécessité ou par choix à l'écart des réseaux numériques. Globalement, pour le Pdg d'Havas Media, "la fracture numérique s'installe durablement". A l’heure du tout Internet, elle s’explique principalement par le vieillissement de la population et la conjoncture économique. Mais face à elle émerge une nouvelle forme de déconnexion, « choisie et non subie », un nouveau phénomène de société qui est bien plus que la révolte de quelques bobos. C’est que s’installe chez certains une vraie « Digitale Overdose ». D'après l'enquête, 55,5% des Français pensent qu'internet peut devenir une drogue et 62,9% estiment « beaucoup ou trop » utiliser ces nouvelles technologies 63,3% a envie de se déconnecter, beaucoup le fait, et 74,1% considèrent qu'internet est ou peut devenir une drogue pour leurs enfants. Mais qui sont concrètement ceux qui ne parcourent pas les sentiers balisés de la Toile ? L’agence les a classifiés en 4 familles de déconnectés. La première est baptisée les "22 à Asnières". Elle rassemble 2 056 000 individus. Entre conservatisme et esprit méritocratique, ce groupe n’a pas grandi avec Internet. Il prône un retour aux valeurs morales et spirituelles et humaines, maintient une consommation réfléchie et se montre méfiant d’un discours commercial synonyme d’une richesse sans fond ni valeur. Viennent ensuite les "Oubliés". Au total, 1 914 000 individus qui subissent la déconnexion sur le plan financier et doivent constamment arbitrer entre valeurs matérialistes et méfiance vis-à-vis du système. Les "Déconnectés 2.0", ce sont 1 724 000 individus qui ont conscience de la situation privilégiée qu’ils occupent dans un monde tendu et stressant. Ils sont en quête de moments de déconnexion. Ils souhaitent consommer avec sens mais avec des revenus aisés, il est plus facile de faire des choix et d’accepter des contraintes. Ils naviguent entre On et Off aisément. Enfin, l’agence identifie les "Propriété privée" , soit 3 642 000 individus décrits comme une cible bipolaire recouvrant à la fois des CSP+ conscients de l’utilité des nouvelles technologies mais se méfiant beaucoup de la récupération et de la manipulation de leurs données personnelles et des foyers CSP-. Moins équipés et moins convaincus de l’utilité d’Internet, ils craignent de voir leurs données personnelles récupérées et manipulées. Dominique Delport conclut que « le phénomène de déconnexion choisie entraîne de nouveaux modes de consommation numériques. Il faut accorder de l’importance à la minorité déconnectée, qu’elle ait choisi ou subi cette situation afin de l’intégrer intelligemment dans les valeurs et le discours de la marque ». A bon entendeur…