Agathe Nicolle (Woô) "aider comme on peut et à notre échelle"
Quatrième semaine de confinement… CB News poursuit ses interviews, initiées le 17 mars, avec Agathe Nicolle, la directrice générale de l'agence Woô.
1) Comment allez-vous ?
Nous allons bien, la santé des collaborateurs étant primordiale. On reste en contact grâce aux visioconférences. Nous avons le sentiment que même si l'activité est ralentie, il y a du lien social, un sentiment d'appartenance et un élan de solidarité des salariés. Tout le monde est content d'agir pour soutenir l'agence et traverser cette crise.
2) Comment vous organisez-vous étant donné que la plupart de vos clients ont reporté leurs campagnes ?
Certaines campagnes continuent, d'autres ont été reportées après le confinement, voire plus loin encore. Mais les chefs de projet et le planning stratégique sont sur le pont. Je pense que cette pause porte à la réflexion. Cette période nous permet également de faire un travail de fond sur l'offre, le métier et sur les technologies (avec nos développeurs) afin de préparer un booster d'activité pour les entreprises. Nous faisons aussi de la data, des études et menons une réflexion quant au déploiement de nouveaux services à l'issue de cette période. Le pôle stratégie réfléchit d'ailleurs au discours que les marques et les annonceurs pourront utiliser : est-ce comment s'intégrer à ce qu'il se passe aujourd'hui, ou plutôt comment communiquer à la fin du confinement ? Ce peut être le cas de marques alimentaires, de sport ou de cuisine. A condition de le faire de la bonne manière, à savoir de façon éthique et pérenne. Nous pensons également au futur, avec un lancement de toutes nos plateformes à l'international, via l'ouverture de nouveaux bureaux.
3) Que pouvez-vous nous dire sur le fait que certains annonceurs peuvent bénéficier de campagnes d'influence gratuites ?
Woô et Yoô Care ont créé, fin 2019, une initiative en faveur de la santé, de l'environnement et des animaux : celle de permettre aux annonceurs de bénéficier de campagnes d'influence gratuites. Il faut aider les associations caritatives, c'est dans notre ADN. L'idée étant de mobiliser les influenceurs et leurs communautés à soutenir diverses causes (Téléthon, Petits Frères des Pauvres, etc). Avec cette crise sanitaire, cela vient conforter le fait qu'il y a beaucoup de solidarité digitale. N'importe quelle association ou service public peut mettre en avant son projet ou ses dons sur la plateforme. Ainsi, je pense qu'il n'y a pas eu plus de sens à cette idée de gratuité de campagnes d'influence, mais plus d'impact. Cela du fait que les publics sont plus sensibles à ces problématiques et plus mobilisés. On l'a vu sur l'opération « Les Paniers Solidaires » sur KissKissBankBank pour les seniors ou pour les soignants, en partenariat avec la Croix Rouge. Il y a d'avantage de vues, de stories, de lives et les taux d'engagement explosent. Le hashtag #stayathome qui est très utilisé, est l'exemple même de cet élan commun.
4) A quelles problématiques éthiques êtes-vous confrontés notamment au travers de votre Comité ?
Aux reports de campagnes qui inciteraient à sortir alors que nous sommes confinés, comme aux influenceurs qui ont revendu des masques via des codes promotionnels, par exemple. Des comportements que nous ne validons évidemment pas ! Cependant nous ne pouvons que les constater, les observer via les retours de notre comité éthique étant donné que n'avons, ni le rôle, ni la mission de les sanctionner. Néanmoins, on se rend compte d'une vraie prise de conscience de la part de ces influenceurs qui essaient de réinterpréter un message pour mieux faire vivre le confinement (recettes, cours de sport, divertissement, etc). En plus d'être agréables, ces actions professionnalisent leur image. Elles fixent de nouveau les bases du métier d'influenceur, comme c'était le cas à l'origine de la création d'Instagram. Et puis, ceux avec qui nous travaillons, ont signé une charte éthique. Indirectement, ceux qui n'agissent pas de la bonne façon et se mettent en avant, sont punis par le bouche à oreille, d'agence en agence ou d'annonceur en annonceur. Et puis, l'éthique est centrale chez Woô. Autant en interne, qu'en matière de défis environnementaux (plastique, etc).
5) ESTIMEZ-VOUS AVOIR UN rôle à jouer auprès de la société dans cette crise sanitaire ?
J'estime qu'il y en a plusieurs et à différents niveaux, oui. À l'échelle de l'entreprise, qui compte 70 salariés, il faut en assurer sa pérennité. Puis, favoriser le respect des règles et des consignes. Favoriser les dons (campagnes Yoô Care), aider comme on peut et à notre échelle, les annonceurs. Enfin, aider les entreprises à se dynamiser, tout comme les influenceurs, les clients, les partenaires et autres parties prenantes. Et amplifier leur rebond via un accompagnement quotidien. Autre rôle important également à notre échelle, celui d'aider à mieux vivre, ensemble, le confinement au travers de notre nouveau compte @sanssortir qui propose de la curation de contenus avec des interventions de macro ou de nano-influenceurs (live sur le compte, DIY, bricolages, etc). Enfin, mettre à profit ce confinement pour développer ses compétences digitales, ce que nous proposons à des étudiants d'écoles d'ingénieurs et commerce, en plus de leur dispenser des conférences sur l'éthique (via le comité éthique en contact avec elles tout au long de l'année). Ainsi, depuis lundi certains nous aident à nourrir le compte @sanssortir, en apprenant la curation et la modération de contenu et le community management. Un peu comme on pourrait le faire au cours d'un stage. L'événementiel ce n'est pas seulement organiser un événement avec des prestataires ou réserver une salle, c'est aussi gérer des réseaux sociaux, suivre et s'adapter à l'actualité. Et s'y consacrer de façon intensive, ne pouvait se faire que dans une période propice; celle-ci. Et puis, la crise nous renforce au travers l'importance de la morale.