Christophe Coffre (Havas Paris) "On est dans un temps de réflexion beaucoup plus réduit. Il faut agir"
Voilà nous y sommes...Dans la quatrième semaine de confinement. C'est difficile. CB News a une chance. Celle de continuer d'informer. Nous poursuivons notre série d'interviews, débutée le 17 mars, avec aujourd'hui le témoignage Christophe Coffre, coprésident, directeur de la création de Havas Paris.
1) Travailler, inspirer, créer … Y arrivez-vous ? Si oui, comment ?
Christophe Coffre : nous sommes obligés d’y arriver. Nos clients sont confrontés à une situation inédite. IIs ont plus que jamais besoin de nous, de nos conseils et de nos points de vue. Notre métier a, dans ce moment si particulier, la possibilité de faire la preuve de toute son « utilité ». Utilité qu’il est de bon ton de remettre en cause en temps normaux. Les précédentes crises l’ont prouvé : les marques qui ont continué à communiquer, à exister, s’en sont mieux sorties au moment de la reprise. C’est tout le sujet ! Alors on s’adapte. On est, soit en temps réel soit dans l’anticipation, mais avec un temps de réflexion beaucoup plus réduit que d’habitude. Il faut agir. On réadapte des copies existantes, on les remonte, on pose de nouvelles voix. On enregistre les comédiens à distance. Le social évidemment tient un rôle majeur et les équipes sont sur sollicitées. Il faut garder le contact avec ses consommateurs.
2) Avez-vous "trouvé" de nouvelles sources d'inspirations ?
Christophe Coffre :« Être utile » à la collectivité, c’est notre principale source d’inspiration sans pour autant tomber dans la démagogie et la récupération. En même temps, les insights ont les a sous les yeux puisqu’on vit tous ce confinement. Qu’attend-on de cette marque dans telle situation ? Qu’est-on en droit d’espérer d’elle ? Que peut-elle faire ou que doit-elle engager pour remplir son « rôle » auprès de ses clients et de la communauté au sens large ?... Ce sont des questions qui se posent toute la journée. Les réponses peuvent aller de la simple prise de parole dite « traditionnelle », à la création de nouveaux services par exemple. Évidemment, la question du ton et de la bonne distance est fondamentale.
3) Qu'est-ce qui vous manque le plus dans la pratique (libre) de votre métier ?
Christophe Coffre : les bonnes idées naissent généralement de la confrontation. Ce sont des mots qui se percutent, des idées qui se chevauchent, des accidents de la pensée. Parler de tout et de rien échanger sur un bouquin, une série, un film, une expo, la pub de telle ou telle marque tous ces moments « gratuits » qui ne le sont jamais vraiment. C’est cette déambulation, au milieu des teams et les échanges qui en découlent, qui me manque le plus.
4) L'imaginaire est libre lui… où va le vôtre ?
Christophe Coffre : mon imaginaire est tourné vers une série de questions : que va-t-il arriver demain ? Comment faire redémarrer la machine ? Comment se réinventer ? Comment tirer de tout cela des conclusions qui, si elles ne nous rendent pas meilleurs, nous rendent, au moins, « moins mauvais ». Je crois qu’on doit tous être focus sur ces questions. Il en va de notre survie.