Coronavirus : 8000 heures de programmes sur les chaînes info, selon l’INA
Le Covid-19 a généré dans les médias français une couverture sans précédent, selon des études réalisées par l’Institut national de l'audiovisuel (Ina) et la plateforme de veille médiatique Tagaday (ex Press’edd). La Revue des médias de l'Ina a publié jeudi une analyse du temps d’antenne total consacré à cette crise sanitaire dans l'info télévisée. Plus de 8.000 heures de programmes diffusés sur les chaînes d'info en continu et 400 heures sur les chaînes historiques, du 1er décembre au 19 mars, ont ainsi été passés au crible, représentant un corpus total de près de 100 millions de mots.
Principale conclusion: « la médiatisation du Covid-19 et de ses conséquences est un phénomène absolument inédit dans l'histoire de l'information télé », avancent Antoine Bayet et Nicolas Hervé, les auteurs de cette étude. Côté chaînes d'info, ils constatent notamment qu'elles ont consacré près de 75% de leur temps d'antenne au Covid-19 la semaine dernière. C'est selon eux un pic « vertigineux et historique dans son intensité et sa longueur », car pour la première fois un « blast » (déflagration) médiatique s'installe sur le temps long, au lieu de se calmer au bout de quelques heures ou jours.
Les JT des chaînes historiques, eux, en sont peu à peu venus à se consacrer dans leur « quasi-intégralité » au coronavirus, relèvent-ils. Les autres sujets « doivent lutter pour exister », à l'image du premier tour des élections municipales le 15 mars (les 4 chaînes d'info ont consacré 69% de leur temps d'antenne au coronavirus ce jour là).
Et selon eux, la « loi du mort-kilomètre », qui voudrait que le public s'intéresse davantage à une mort intervenue à proximité, plutôt qu'à des morts plus nombreuses mais éloignées, « se vérifie encore » dans les programmes d'info: le premier décès d'un Français, le 26 février, a fait « exploser » le temps d'antenne consacré au coronavirus, quand celle du premier mort en France, un touriste chinois, le 14 février, n'a entrainé qu'une « légère augmentation ».
Pour sa part, la plateforme de veille médiatique Tagaday (ex-Press'edd), a analysé la place consacrée au coronavirus dans la presse écrite et web, à partir d'un échantillon de 3.000 titres et sites des médias français. Et elle estime qu’« en miroir de la sidération qui frappe toute la société, ce phénomène médiatique dépasse en volume et en pression médiatique toutes les actualités d'ampleur de la période récente (gilets jaunes, dernière élection présidentielle) », avec plus de 254.000 mentions recensées dans la presse française du 1er janvier au 19 mars.