France Antilles, « c’est fini »
"C'est fini" et "merci" : France-Antilles, le seul quotidien de Guadeloupe, Martinique et Guyane, a sorti samedi sa dernière édition, après 56 ans d'existence, à la suite de la liquidation judiciaire prononcée jeudi. Cette liquidation laisse sans emploi 235 salariés répartis dans les éditions des trois territoires. Initialement, les scellés auraient dû être posés jeudi soir sur l'ensemble des bâtiments où est produit le journal. Mais les trois juges du tribunal de commerce, ainsi que le procureur, à la demande des représentants du personnel, ont autorisé la sortie d'une ultime édition. "Cette parution a été autorisée pour permettre de récolter les fonds afin d'abonder le plan social", explique Emmanuelle Lerondeau, déléguée du personnel à France-Antilles Guadeloupe.
L'édition guadeloupéenne a affiché en Une "1965-2020, c'est fini", sur fond noir, avec le logo historique du journal, abandonné après le renouvellement de formule en janvier 2019. "Nous avons voulu faire une Une simple et sobre, et surtout bien indiquer à tous que c'est bel et bien fini", indique à l'AFP Caroline Bablin, rédactrice en chef de France-Antilles Guadeloupe. "Nous avons entendu maintes et maintes fois qu'il n'était pas possible qu'un journal ferme. Aujourd'hui encore, même après la décision du tribunal, des incrédulités persistent". Dans les 40 pages du journal, pour la première fois, ce sont les salariés qui prennent la parole, détaillant leurs souvenirs, leur amertume parfois. De nombreuses photos d'archives des meilleurs moments du journal sont aussi publiées. En dernière page, figurent les noms des 96 salariés du quotidien guadeloupéen. En Martinique, une édition inédite est également sortie. En Une, les salariés ont choisi de publier un grand "merci", sur fond rouge, pour remercier "ses lecteurs, ses annonceurs, ses diffuseurs, ses auditeurs" et les équipes. Cette "dernière des dernières" compte 48 pages, et "parle de l'histoire de France-Antilles, donne des témoignages de soutien", a expliqué à l'AFP
Cette dernière édition, "faite dans le rush" selon ses termes, a été accompagnée jusqu'au bout par les journalistes, qui se sont tous réunis à l'imprimerie, pour assister à la dernière impression du journal. Les dernières éditions, tirées à 55.000 exemplaires en Guadeloupe et 40.000 en Martinique, sont en vente jusqu'à mercredi, dernier jour de travail des salariés. En Guyane, en revanche, des avaries techniques et un manque de papier empêchent la production du journal depuis plusieurs jours. Il n'y a donc pas eu de dernière parution. Mais jeudi, avant la décision de liquidation, l'ensemble des trois éditions avaient titré : "Chers lecteurs, vous avez peut-être entre vos mains la dernière édition de votre journal France-Antilles".