Canal+ et TF1 signent un nouvel accord de distribution global
La hache de guerre est définitivement enterrée entre TF1 et Canal + : les deux entreprises ont signé mercredi un accord mettant un terme à leur conflit commercial, qui avait conduit le groupe de télévision payante à priver ses abonnés de la Une en début d’année. Les deux groupes ont annoncé dans un communiqué commun avoir conclu un nouveau partenariat qui permettra à Canal + d’intégrer les chaînes du groupe TF1 (TF1, TMC, TFX, LCI…) dans toutes ses offres (y compris myCanal), le tout accompagné de services et de fonctionnalités enrichis (replay étendu, contenus diffusés en avant-première…). En outre, cet "accord de distribution globale" s’accompagne d’un "nouveau partenariat élargi" entre TF1 et Dailymotion, la plateforme de partage de vidéo qui appartient comme Canal + au groupe Vivendi. Les deux groupes n’ont pas précisé quelles contreparties financières avaient été consenties à TF1. La filiale audiovisuelle du groupe Bouygues, qui veut monétiser la diffusion de ses chaînes par des tiers, était déjà parvenue à s’entendre avec les quatre opérateurs de télécoms français (Bouygues Telecom — autre filiale du groupe Bouygues -, Free, Altice/SFR et Orange). Mais il n’avait pas encore bouclé ses négociations avec Canal +. Les discussions entre les deux groupes, démarrées en 2017, avaient même dégénéré en début d’année en virant au bras de fer commercial refusant de payer pour pouvoir diffuser des chaînes par ailleurs accessibles gratuitement via la TNT, Canal + avait décidé début mars de couper la diffusion de TF1 à ses abonnés, provoquant un tollé chez certains téléspectateurs. Ce bras de fer inédit au sein du paysage audiovisuel français avait illustré de manière spectaculaire la montée en puissance des opérateurs et autres intermédiaires dans les modes de réception des chaînes de télé, au détriment de la TNT (que l’on peut capter sans aucun abonnement). La guerre entre Canal + et TF1 avait notamment pénalisé les clients du groupe de télévision payante abonnés à son bouquet de télévision par satellite TNT Sat, un service qui permet aux foyers vivant dans des zones non desservies par la TNT, montagneuses ou autres, d’accéder aux chaînes nationales. Ce qui avait poussé les pouvoirs publics à taper du poing sur la table. Le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) et le gouvernement étaient ainsi montés au créneau en appelant les deux groupes à s’entendre. Après quelques jours, Canal + avait fini par rétablir le signal de TF1 dans ses différentes offres, notamment pour ne pas pénaliser la retransmission du concert annuel des Enfoirés au profit des Restos du Coeur. La filiale de Vivendi s’était dite alors prête à négocier avec TF1 "sur une base raisonnable", et en considérant que seuls les services complémentaires, type replay, pourraient donner lieu à une rémunération. Pour TF1, faire payer les opérateurs qui distribuaient jusqu’ici ses programmes à leurs abonnés sans rétribution, est un élément clé de sa stratégie, et doit l’aider à diversifier ses revenus. Cette ressource supplémentaire est d’autant plus importante à l’heure où le groupe doit faire face à la concurrence grandissante de Netflix et consorts. Sans dévoiler les sommes précises en jeu, le P.-D.G. de TF1, Gilles Pélisson, avait assuré dans un entretien au Parisien cet hiver que son but était d’obtenir globalement "quelques dizaines de millions d’euros pour l’ensemble des opérateurs", et que la somme réclamée par diffuseur était inférieure à 20 millions par an.