Numéro 23 : Pascal Houzelot prêt à contester la décision du CSA
La chaîne Numéro 23 a décidé de contester "dans les prochains jours" la décision du CSA de lui retirer son autorisation d’émettre et "prendra toutes les mesures nécessaires pour assurer l’avenir" du canal, a-t-elle annoncé jeudi dans un communiqué. Cette prise de position offensive des dirigeants de la chaîne, largement inconnue du grand public, est intervenue alors que le président de l’autorité de régulation, Olivier Schrameck, a réaffirmé que le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) était prêt à reconsidérer le retrait de son autorisation si Numéro 23 abandonnait son projet de cession au groupe NextRadio TV. Numéro 23 a fait entrer à son capital fin 2013 le groupe russe de télévision UTH à hauteur de 15 %, avec un pacte d’actionnaires prévoyant une "cession rapide" de la chaîne. Celle-ci était en passe d’être vendue au groupe NextRadio TV d’Alain Weill pour un montant de 88,2 millions d’euros. Or, elle se trouvait encore dans la période d’interdiction de revente, qui est de deux ans et demi après son démarrage. Dans sa décision, la première du genre, le CSA avait déjà laissé entrevoir mercredi la possibilité d’un réexamen, en donnant jusqu’au 30 juin 2016 à la chaîne avant de lui retirer son autorisation. Ce délai lui permettait "de renoncer aux conditions du pacte d’actionnaires" et à la cession, avait-il précisé. Jugeant la décision "disproportionnée et inéquitable", le propriétaire de la chaîne, la société Diversité TV de Pascal Houzelot, étudie les différents recours possibles : gracieux devant le CSA ou suspensif devant le Conseil d’Etat. Pour sa part, Alain Weill va "étudier toutes les hypothèses", mais a jugé "prématurée" l’idée d’une possible prise de participation de son groupe dans Numéro 23, évoquée par plusieurs médias. "Je vais rencontrer Pascal Houzelot", a-t-il déclaré jeudi à l’AFP, précisant qu’il agirait "en concertation avec le CSA". Le PDG de NextRadioTV, groupe qui est lui en passe d’être racheté par Altice de Patrick Drahi, a jugé que la décision du CSA "freinait le développement" de son groupe et "profitait aux acteurs historiques du secteur". Le sort de Numéro 23 dans les mois à venir reste incertain. La chaîne affiche une vingtaine de millions d’euros de pertes depuis son lancement en 2012 sur le thème de la promotion de la diversité. Le CSA lui reproche aussi de ne pas respecter son cahier des charges en diffusant de nombreux programmes américains, en particulier sur le tatouage ou les pitbulls. Au quatrième rang des six nouvelles chaînes de la TNT lancées en 2012, Numéro 23 a attiré une moyenne de 0,7 % des téléspectateurs au premier semestre 2015, selon des données de Médiamétrie. Invoquant la faiblesse du marché publicitaire, Pascal Houzelot avait estimé devant le CSA que la vente de la chaîne à NextRadioTV était la "seule solution d’avenir". Le projet de rachat avait déclenché un tollé chez de nombreux politiques et responsables de l’audiovisuel, qui avaient dénoncé une opération de spéculation.