Deezer débarquera à la Bourse de Paris le 5 juillet
Échaudée par l’échec de sa cotation en Bourse en 2015, la plateforme de streaming musical tente à nouveau de séduire les investisseurs via un système d’introduction qui éloigne quelques risques. De quoi projeter tout de même de récolter plusieurs centaines de millions d’euros pour une société qui perd structurellement de l’argent.
Deezer a fixé au 5 juillet son premier jour de cotation à la Bourse de Paris via un SPAC (véhicule d'investissement) détenu notamment par la famille Pinault, a-t-on appris jeudi auprès de l'entreprise. L'introduction formelle en Bourse se fera "sous réserve" de l'approbation des assemblées générales des actionnaires de Deezer et d'I2PO, prévues respectivement les 29 et 30 juin, selon le calendrier approuvé par l'Autorité des marchés financiers (AMF). Ce nouveau projet de cotation intervient sept ans après la première tentative avortée de Deezer d'investir la place boursière parisienne en 2015. Cette fois, les principaux actionnaires de la plateforme française, notamment le milliardaire anglo-américain Len Blavatnik qui détient 43% des parts, ont choisi un système d'introduction moins risqué, via le SPAC I2PO, qui a déjà levé des fonds en Bourse dans le but de fusionner avec une société et faciliter sa cotation. Ce véhicule d'investissement, fondé par la famille Pinault, l'homme d'affaires Matthieu Pigasse, et Iris Knobloch, ancienne dirigeante de WarnerMedia qui va prendre en juillet la présidente du Festival de Cannes, doit permettre à la plateforme de récolter entre 135 millions et un peu plus de 400 millions d'euros, a indiqué I2PO. La valorisation de Deezer atteindrait alors 1,05 milliard d'euros, soit une décote de 23% depuis l'entrée au capital du groupe mexicain de télévision Azteca en 2020.
Car, pour l'instant, l'entreprise accumule les pertes qui ont atteint 123 millions d'euros l'année dernière pour un chiffre d'affaires de 400 millions d'euros. Lancé en 2007, le service d'écoute musicale par abonnement revendique près de 30% du marché en France, mais ses 9,6 millions d'abonnés ne pèsent que 2% du marché mondial du streaming musical, loin derrière le leader suédois Spotify (31% de parts de marché), Apple, Amazon et Tencent, selon le cabinet MIDiA. La stratégie de Deezer, qui veut plus que doubler ses revenus d'ici 2025, est donc de miser sur la musique et sa technologie, contrairement à Spotify qui multiplie les lancements de podcasts et les recommandations de playlists de musiques d'ambiance. Pour profiter de la croissance rapide du marché mondial du streaming (+26,4% d'utilisateurs en un an au second semestre 2021), Deezer compte aussi s'allier avec des acteurs déjà implantés dans plusieurs marchés clés pour s'appuyer sur des bases de clients déjà existantes, comme les opérateurs Orange et SFR en France, et nouvellement avec RTL en Allemagne.