UK : le rachat contesté du groupe The Telegraph

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Le gouvernement britannique compte lancer une enquête approfondie sur la vente du groupe propriétaire de l'influent quotidien conservateur The Telegraph à un fonds américano-émirati, inquiet pour la liberté d'expression, a annoncé mardi la ministre de la Culture Lucy Frazer.

La vente du groupe The Telegraph, qui détient également l'hebdomadaire Spectator, suscite depuis des mois des inquiétudes au sein de la majorité conservatrice au pouvoir, mais aussi des défenseurs de la liberté de la presse. Propriété depuis 2004 de la famille Barclay, le groupe a été mis en vente en octobre dernier par la banque britannique Lloyds, pour éponger de lourdes dettes d'environ 1,2 milliard de livres (1,38 milliard d'euros). Mais une coentreprise entre le fonds américain Redbird et le fonds d'investissement dans les médias d'Abou Dhabi (IMI), baptisée Redbird IMI, a passé fin 2023 un accord avec la famille pour rembourser sa dette, ce qui est chose faite depuis décembre dernier, en échange de la prise de contrôle du groupe. En janvier dernier, le gouvernement avait demandé à l'autorité britannique de la concurrence, la CMA, et au régulateur des médias, l'Ofcom, d'évaluer cette opération.

"Sur la base des évaluations des régulateurs, je peux désormais confirmer que j'ai l'intention de soumettre cette vente à une enquête" a déclaré mardi Lucy Frazer dans une déclaration écrite transmise au Parlement. Selon elle, l'Ofcom a estimé que l'opération pourrait "aller à l'encontre de l'intérêt public". La coentreprise "pourrait être incitée à influencer (le groupe) (...) d'une manière qui pourrait potentiellement agir contre l'intérêt public au Royaume-Uni en influençant la présentation précise de l'information et la libre expression des opinions" dans le Daily Telegraph et son édition dominicale Sunday Telegraph, a-t-elle ajouté. Elle a laissé aux parties impliquées jusqu'à lundi matin pour répondre à ces craintes avant de lancer effectivement cette enquête approfondie. Redbird IMI a assuré par le passé que le fonds émirati ne serait qu'un "investisseur passif", sans pourtant rassurer au sein de la classe politique. Dans le contexte de cette opération polémique, le gouvernement a annoncé la semaine dernière qu'il avait l'intention de légiférer pour empêcher la prise de contrôle de journaux britanniques par des États étrangers.

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