Taxe Google : Eric Schmidt à Paris

Eric Schmidt

Abus de position dominante ? Peut être. L’an passé, en Belgique, Google a tout simplement rayé de la carte tous les liens de la presse belge, trop exigeante en termes de droit d’auteur, attendant que les éditeurs lui demandent de les réintégrer. Ce qu’ils ont fait après avoir réengagé la discussion puis effectué, de part et d’autre, des compromis. Pas énormes pour Google puisque, jusqu’à présent le système de la taxation des liens n’existe nulle part. Le rapport de forces va-t-il évoluer de la même façon dans l’Hexagone ? Début de réponse aujourd’hui. Le président exécutif de leader mondial des moteurs de recherche, Eric Schmidt, sera reçu dans la journée par la ministre de la Communication et de la culture Aurélie  Filippetti, favorable à la demande des éditeurs de presse de taxer le moteur de recherche américain, avant de rencontrer François Hollande. Hier, interrogée par le Journal de Dimanche,  la présidente de l'Association de la presse d'information politique et générale, Nathalie Collin, appelait l'Etat "à jouer son rôle de régulateur". Selon la présidente de l'association également coprésidente du groupe Nouvel Observateur, Google est avant tout une "régie publicitaire géante qui engrange en France plus de 1,2 milliard de revenus publicitaires, contre moins de 200 millions pour toute la presse en ligne. Chaque visiteur rapporte entre 40 et 50 euros par an à Google grâce aux contenus des journaux, rafraîchis en permanence. La presse permet à Google d'accroître sa prédominance, il est donc normal qu'il y ait une contrepartie pour que nous puissions continuer à développer notre modèle". La France n’agit pas de façon isolée, s’associant dans cette démarche à la volonté de l’Italie et de l’Allemagne d’obtenir, des moteurs de recherche, des "droits voisins", sorte de prolongation des droits d'auteurs, en cas d'utilisation indirecte de leurs travaux.

Presse, cinéma, musique voudraient leur part du gâteau des recettes publicitaires générées par le référencement de leurs titres et de leurs œuvres. La firme de Mountain View  a menacé de ne plus référencer les médias français, autrement dit de ne plus afficher les liens renvoyant vers leurs sites, si une telle taxe devait voir le jour. Libération affirmait samedi que le gouvernement entendait faire pression auprès de Google en l'incitant à trouver un accord avec les éditeurs dans les trois mois.En cas d'échec, une loi serait proposée, selon le quotidien. Google avait déjà été clair sur le sujet, précisant, dans une lettre ouverte au gouvernement,  qu’une telle loi « aurait pour effet de réduire considérablement le référencement des sites français au profit, notamment, des sites anglo-saxons, qui ne seraient évidemment pas soumis à une telle contrainte ». Pour le moteur de recherche n°1 en France et dans le monde, « ne pas être référencé, c’est sortir du radar ». Comme en Belgique, Google a aussi précisé qu’il entendait  «poursuivre son partenariat avec les journalistes français et était disposé à travailler avec les éditeurs afin de construire un modèle viable de la presse sur la toile ».


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