RTL: une rentrée dans l'incertitude

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2012 sera une année à oublier pour RTL. La radio de la Rue Bayard aime pourtant les années présidentielles. 2007 avait été un excellent cru avec 13,3% d'audience cumulée en juillet. Cinq ans plus tard, l'année a été celle de la perte du leadership des radios au profit de NRJ pour la première fois depuis 2006 et de la chute de l'audience cumulée à 11,5%. De quoi remettre sérieusement en question l'assurance de RTL. Du coup, avec sa conférence de rentrée ce matin, RTL entend bien montrer qu'elle a décidé de prendre des risques afin de retrouver sa première place. Ce ne sera pas chose aisée. En effet, depuis deux ans, la station, si elle affichait des bons scores, n'était pas dans une bonne dynamique. La faute, notamment, à la matinale de Vincent Parizot qui a été devancée sur tous les 1/4h d'heure entre 7h30 et 9h par celle de France Inter pilotée par Patrick Cohen. "Il n'est pas entré dans le costume d'un chef d'équipe qui motive ses troupes et qui les fait travailler ensemble", regrette un ancien. Il ajoute : "il a tenu quatre ans. Ce qui prouve que la direction a du mal à prendre des décisions et à trancher". Jean-Jacques Bourdin, ancien de la maison aujourd'hui sur RMC, lui est encore plus direct : "Vincent est très talentueux, mais il a un gros problème : il n'a aucun charisme". Un souci de matinale donc. Et pour une radio généraliste, si la matinale ne va pas, cela entraîne forcément un problème au niveau de l'audience globale. Problème de management aussi. De nombreux membres de la rédaction, mais aussi quelques anciens font état d'une "énigme Christopher Baldelli"

. Christopher Baldelli, arrivé chez RTL en 2009 pour remplacer Axel Duroux, a une très grosse expérience télé, mais pas de radio. Pour certains, "il ne s'est pas assez nourri de l'expérience des cadres de la radio. Il n'a pas forcément compris son ADN". D'aucuns pointent ainsi une recherche des vedettes de la télé qui n'est pas forcément dans l'ADN de RTL. De plus, la grille a très peu évolué sur les quatre dernières années. La radio est certes un média d'habitude, mais un leader peut aussi tenter de prendre des risques pour avancer encore et tirer son avantage. "RTL n'a pas su se remettre en question. Elle n'a pas vu que les autres bougeaient", note un expert média. En cette rentrée, la rue Bayard qui reste forte d'une place de leader en part d'audience (PDA), tente des paris. D'abord, l'arrivée de Laurent Bazin aux commandes de la Matinale."C'est un très grand professionnel, il va s'y mettre à fond", assure un cadre de la radio. Surtout, RTL a confié son RTL soir à Marc-Olivier Fogiel. Pari audacieux, même si l'image de "Marco" s'est bel et bien améliorée depuis son passage à la matinale d'Europe1. Certains journalistes, qui étaient perplexes de son arrivée, ont été agréablement surpris quand, le jour de la mort de Jean-Luc Delarue, Marc-Olivier Fogiel s'est glissé dans la régie pour ouvrir son carnet d'adresses et appeler lui-même des gens pour qu'ils nourrissent de témoignages l'ensemble de l'antenne de RTL. Ce matin, Christopher Baldelli et l'ensemble de la direction de RTL auront de nombreuses choses à dire. Auront à montrer qu'ils veulent redevenir leader et qu'ils vont se battre pour. Ce sera la première fois, depuis 4 ans, qu'une conférence de RTL est tant attendue. L'ex-leader est blessé mais ne va pas abdiquer aussi facilement. Reste à savoir si, en paraphrasant Philippe Labro qui disait qu'en radio "l'audience descendait par l'ascenseur et remontait par l'escalier", RTL aura la chance de remonter en ascenseur.

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