RNT : le CSA veut augmenter la cadence de déploiement
Le CSA a annoncé une nouvelle stratégie en vue d'accélérer le déploiement du DAB+, la technologie de la radio numérique terrestre (RNT), qui peine pour le moment à se développer dans l'Hexagone. Suite à une consultation, le Conseil supérieur de l'audiovisuel a décidé de revoir les modalités et le calendrier d'appels à candidature pour attribuer des fréquences de diffusion radiophonique en DAB+. Déjà déployée dans d'autres pays, la radio numérique terrestre, qui nécessite un poste de radio compatible, offre un son amélioré, une meilleure couverture géographique et une réception renforcée en mobilité, des flux de données associées aux émissions, et la possibilité de créer de nouvelles stations (la bande FM étant saturée). Ce mode de diffusion a fait tardivement ses débuts en France, avec des lancements en 2014 à Paris, Marseille et Nice. Il peine toujours à se développer en raison principalement du manque d'enthousiasme des grands groupes privés, qui préfèrent investir dans la diffusion via internet. Le précédent schéma de déploiement, conçu en 2015, était très progressif (il devait durer jusqu'en 2023) et incluait des zones peu peuplées, sans allouer jusqu'à présent de fréquences au plan national. "Les premiers retours de terrain et les résultats de sélection des appels à candidatures ont révélé que les grandes radios n'adhéraient pas à ce schéma et que les petites rencontraient un très sérieux problème de solvabilité. Il fallait donc tout repenser, et très vite, pour donner un nouveau coup d'envoi", explique un communiqué du CSA.
Les zones les plus denses de l’Hexagone en ligne de mire
Le nouveau plan de déploiement prévoit une première phase avec un calendrier resserré (2018/2020), recentrée sur les zones les plus denses du territoire (grandes agglomérations, bassins de vie de plus de 175.000 habitants, grands axes autoroutiers et routiers). "Nous avons tiré les leçons des précédents appels à candidature. On ne pouvait pas continuer comme on était partis car on avait un rythme beaucoup trop lent et un développement beaucoup trop diffus. Il fallait à la fois accélérer dans le temps et concentrer dans l'espace", pour couvrir en priorité "l'ossature du territoire", a expliqué à l'AFP Nicolas Curien, qui pilote le dossier au sein du CSA. "Comme les radios doivent financer entièrement le système, on ne peut pas faire un déploiement complètement homogène entre les zones les plus peuplées, où les acteurs peuvent rentabiliser leur investissement plus facilement, et les zones peu denses", dit-il.
20% de couverture du territoire avant la fin 2018
Trois grands appels à candidature sont désormais prévus : les deux premiers, en juillet 2018 puis au plus tard en juillet 2019, porteront chacun sur "quinze zones centrées sur des agglomérations de plus de 175.000 habitants" et avec un nombre réduit de zones locales. Le troisième appel, envisagé mi-2018 concernera cette fois des fréquences au niveau national. Les zones moins peuplées seront couvertes dans une seconde phase, après 2020. Ce nouveau processus "peut intéresser les grandes radios du fait qu'on ouvre enfin les ressources (fréquences) nationales, alors que jusqu'à présent elles n'avaient aucune raison de se précipiter", affirme M. Curien. "Quelle que soit la méthode de mesure retenue, on arrivera avant la fin 2018 à une couverture de 20% de la population en DAB+, et les fabricants auront alors l'obligation de commercialiser des récepteurs compatibles avec cette technologie", souligne-t-il. Contrairement à la télévision numérique terrestre (TNT) qui a mis fin à la diffusion analogique des chaînes, et à la politique menée en Norvège où la RNT a remplacé totalement la FM, la RNT n'a pour le moment pas vocation en France à se substituer à la bande FM, mais à se développer parallèlement. (avec l’AFP)