Publication par l’ARCOM d’un livre blanc sur l’avenir de la radio

Les chiffres clés de l’audience radio en 2023

Le secteur français de la radio doit se fixer l'objectif de basculer en 2033 vers une diffusion entièrement numérique, ce qui entraînera la disparition de la FM, conclut un livre blanc publié mardi par l'Arcom.

2033 n'est pas un couperet fixé d'avance mais une "date cible", a souligné Hervé Godechot, membre du collège de l'Arcom, en présentant ce document sur l'avenir de la radio dans le cadre de ses assises 2024. La fin de la FM "paraît indispensable" mais il est "prématuré d'en fixer aujourd'hui une date" même si 2033 est une échéance souhaitable, a-t-il poursuivi, en plaidant pour une "approche pragmatique" et progressive. Ces dernières années, le secteur de la radio travaille au passage de la diffusion hertzienne analogique traditionnelle (la FM) vers la diffusion numérique terrestre (une technologie appelée DAB+), comme la télévision l'a fait avec la TNT. Parallèlement, l'autre mode d'écoute est celui qui se fait via Internet (20% actuellement contre 80% pour le hertzien selon l'Arcom). Quand la FM aura disparu, la radio basculera donc au tout-numérique, DAB+ d'une part et Internet de l'autre. Largement ignoré du grand public, cet enjeu est crucial pour la filière.    Le DAB+ offre une meilleure qualité sonore avec des coûts de transmission moindres que la FM, ne nécessite plus de connaître la fréquence d'une radio pour l'écouter et permet de rester sur la même station, sans grésillements ni interruption, lors d'un long trajet en voiture. Cela suppose que le DAB+ couvre correctement le territoire (62% de la population sont aujourd'hui couverts) et que les Français s'équipent en postes de radio et autoradios capables de le recevoir. L'Arcom fixe l'objectif d'un taux d'équipement de 70% fin 2033. Ce livre blanc propose une transition en deux phases : l'une de "préparation" entre 2024 et 2027, l'autre de "migration" entre 2028 et 2033. Le média radio "est à la croisée des chemins", a commenté le président de l'Arcom, Roch-Olivier Maistre, alors que le temps d'écoute en direct diminue, surtout chez les jeunes, et que de nouveaux usages à la demande s'installent avec les podcasts.

Ce document de 152 pages, issu de plus de 30 auditions et concertations avec les principaux acteurs radiophoniques, dresse ainsi un état des lieux du secteur et de ses aspects économiques, juridiques et techniques. L’instance y formule au passage un certain nombre de constats et recommandations (voir le récapitulatif ci-dessous). Parmi elles : simplifier, voire alléger certaines mentions légales ; adapter la régulations des quotas au nouveau paysage audio ; ajuster les règles anti-concentration relatives à la radio au paysage audio à l’ère numérique ; mesurer la notoriété du DAB+ deux fois par an ; inciter les éditeurs à commander des mesures d’audience par mode de diffusion (FM, IP, DAB+) au moins deux fois par an ; donner davantage de marges de manœuvre pour l’ARCOM dans l’accélération du déploiement du DAB+ ; élargir la composition et l’objet de l’association « Ensemble pour le DAB+ » ; mettre en œuvre un cycle de campagnes publicitaires nationales et locales ; poursuivre la promotion du DAB+ avec pour objectif d’atteindre un minimum de 50% d’audience numérique d’ici 2033…

Le Bureau de la radio, le SIRTI et radio france réagissent

Dans un communiqué distinct, le Bureau de la radio dit « saluer » la publication de ce Livre blanc. Un document qui, cependant, « souligne l’absence de politique publique en faveur de ce média depuis de nombreuses années ». Il compte ainsi sur des « mesures urgentes et concrètes ainsi qu’une véritable volonté publique pour réduire les asymétries réglementaires ». Et de lister l’adaptation des mentions légales en radio, la suppression du plafonnement des rotations des chansons françaises, la protection de la radio contre l’intermédiation de l’écoute IP ou encore la définition d’une véritable politique publique en faveur du media radio et du DAB+.

De son côté, le Syndicat des radios indépendantes (SIRTI) se « félicite » du contenu du Livre blanc. Il dit ainsi approuver la proposition de faire de l’’association « Ensemble pour le DAB+ »  dont il est l’un des initiateurs avec Radio France et des groupes nationaux privés, le « pilote de la transition et de la gouvernance de la filière », selon un communiqué. Il souligne en outre son espoir d’une « prise en considération dès la rentrée par les pouvoirs publics des propositions formulées sur les enjeux financiers, en matière d’aide à l’équipement, à la diffusion et à la promotion ». Pour le SIRTI, il faut en outre aborder les sujets « cruciaux », comme celui des mentions légales ou le réexamen des contraintes musicales. Il pointe tout de même une « réserve » : la suggestion d’une évolution des règles relatives à la concentration dans le secteur. « Si des évolutions doivent avoir lieu elles doivent aller dans le sens du renforcement du plafond anti-concentration qui garantit le pluralisme de notre média, en retranscrivant notamment dans le DAB+ les règles actuelles en FM », insiste le syndicat qui représente 170 radios privées locales, régionales, thématiques et généralistes en France. Pour sa part, Radio France dit se « réjouir » des perspectives tracées par l’ARCOM dans ce Livre blanc avec au cœur le DAB+. Le groupe radiophonique public qui rappelle s’être lancé dans le déploiement du DAB+ dès 2018, appelle de ses vœux à faire de l’association « Ensemble pour le DAB+ » une véritable « coalition » de tous les acteurs concernés pour piloter cette transition.

*: Le Bureau de la radio représente les 4 groupes radiophoniques privés M6 (RTL, RTL2, Fun Radio), NRJ (NRJ, Nostalgie, Chérie FM, Rire et Chansons), Altice Media (RMC, BFM Business, BFM Radio), Lagardère Radio (Europe 1, Europe 2, RFM).

Récapitulatif des préconisations du Livre blanc

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