Pub sur France Télé : Bras de fer entre Bercy et la Culture
Cela ressemble à un cafouillage. C'est au minimum un bras de fer qui est en train de s'engager entre le ministère de la culture et Bercy. Premier acte : Jérôme Cahuzac, ministre du budget annonce hier sur BFM TV un possible retour de la publicité sur France Télévision. Son motif : la possible censure à Bruxelles de la "taxe sur un certain nombre d'opérateurs" instaurée par le gouvernement de François Fillon pour financer le manque à gagner de la suppression de la publicité "a été attaquée par ceux qui la payent" et va, "selon toute vraisemblance", "être censurée par les instance communautaires" européennes, a expliqué le ministre sur BFMTV/RMC. "Alors se posera la question, ou bien une taxe de plus, soit la publicité à la télévision", a-t-il ajouté. Jérôme Cahuzac a ensuite précisé qu'en cas de censure de cette taxe, "la recommandation" qu'il ferait au gouvernement serait "bien évidemment de rétablir cette publicité tant il est vrai qu'on ne va pas encore créer une taxe de plus". Deuxième acte : la montée au créneau du ministère de la Culture et de la Communication. "Aujourd'hui, il faut répondre à la question du financement de l'audiovisuel public, et donc de France Télévisions, dans les trois années qui viennent, dans une période de contrainte budgétaire très forte et de baisse des recettes publicitaires très forte", a-t-on déclaré au ministère. Et d'ajouter : "De multiples pistes sont étudiées entre Matignon et le ministère de la Culture sur ce dossier. A ce stade, rien n'est tranché". Fin du deuxième acte.
Le troisième a commencé par une réaction d'Alain Minc qui a inspiré en 2008 à Nicolas Sarkozy l'idée de la suppression de la publicité s'étonnant que le ministre du budget s'attèle à un problème secondaire. Quant à Franck Riester, secrétaire national de l'UMP chargé de la communication, il a estimé dans un communiqué que "cette prise de position irréfléchie traduit un désengagement de l'Etat qui conduirait à sacrifier l'audiovisuel public et à déstabiliser le secteur privé". Quoiqu'il en soit, Matignon aura a trancher cette question qui démontre un désaccord assez fort entre Bercy et la Culture. Contacté par CB News, l'Elysée, de son côté, ne fait aucun commentaire. Dans son programme de campagne, François Hollande, ne tranchait pas la question, mais promettait par contre de revenir sur le mode de nomination des présidents de l'audiovisuel public. Autre indice : un rapport du sénat rédigé par les sénateurs Assouline (PS) et Legendre (UMP), a chiffré à 628 millions d'euros le coût pour les contribuables de la suppression de la pub depuis l'entrée en vigueur de la réforme. En effet, les rendements des taxes (sur les télécoms et les chaînes privées) qui étaient censées compenser la suppression des recettes publicitaires n'ont pas été suffisants. Au lieu des 450 millions d'euros par an espérés, les taxes n'ont rapporté que 270 millions d'euros.