NextRadioTV et ses remèdes drastiques pour partir en reconquête
Virage (très) serré. Le groupe NextRadioTV (Altice France) a annoncé mardi revoir sa stratégie à l’aune de la crise sanitaire qui a clairement plombé ses ambitions. Le nouveau plan de « reconquête » présenté aux représentants du personnel et aux salariés pour permettre au groupe de « conserver sa position d’acteur majeur des médias en France », passera d’abord par la mise en place d’une « adaptation du volume des effectifs » qui débuterait par une phase du volontariat. Les licenciements contraints, quant à eux, n’interviendraient que si le nombre de volontaires était insuffisant alors que le recours aux intermittents, aux pigistes et aux consultants sera « divisé par deux ». Quoi qu’il en soit, ce plan de départs devrait être détaillé « dans les prochaines semaines » aux représentants des salariés, mais l’objectif sera « de limiter autant que possible l’impact sur les postes en CDI ».
S'appuyer sur les marques BFM et RMC
Prenant ainsi acte de la concurrence des plateformes à la fois « inéquitable » et d’une « ampleur encore sous-estimée », des nouveaux modes de consommation des auditeurs et téléspectateurs ainsi que de « l’écroulement » durable des recettes publicitaires lié à la crise sanitaire, NextRadioTV entend tout de même continuer à lancer de nouveaux projets « éditoriaux et technologiques », autour des marques BFM (BFMTV, BFM Business, BFM en région…) et RMC (RMC, RMC Découverte, RMC Story…), en particulier dans l’information, nationale et locale… Mais pour cela, il pose les jalons d’une nouvelle organisation simplifiée après l’avoir trop complexifiée, concède le groupe. Place désormais aux « circuits courts et décisions rapides, grande réactivité et capacité à innover sans délai », avance-t-il. Pour l’heure, le groupe réduit la voilure sur ce qui avait fait l’un de ses forces avec des investissements massifs : le sport. Il annonce ainsi comme prévu l’arrêt « prochain » de la chaîne payante de débat sur le sport, RMC Sport News, ainsi que l’arrêt progressif des compétitions sportives notamment d’athlétisme, d’équitation et de tennis, est programmé. « Le marché des droits et de la Pay TV, imprévisible et inflationniste, impose de revoir rapidement et largement l’organisation de nos structures de Pay TV », précise encore NextRadioTV.
Pragmatiquement, le plan a pour objectif de mutualiser les fonctions supports avec Altice France, mais aussi de « réévaluer » toute la politique d’acquisition et de production des chaînes de divertissement dont les coûts ont été « multipliés par trois ces cinq dernières années ». De même, il accompagne la volonté de « bâtir une stratégie marketing puissante autour des programmes et de leurs personnalités » et souhaite mener une nouvelle politique commerciale « disruptive et dynamique ». NextRadioTV s’appuiera également sur les compétences technologiques de SFR en matière de publicité adressée et de gestion des données et investira « significativement » dans les innovations technologiques et la digitalisation. Il veut enfin renforcer le replay et le podcast autour d’une stratégie d’offre et d’expérience délinéarisée. Un recentrage imposant et imposé qui intervient dans un contexte de restructuration plus large de la branche médias d'Altice France : sortie de l'activité presse avec la reprise de L'Express par Alain Weill et la cession de Libération à une fondation, et nouveau management avec la nomination en janvier d'Arthur Dreyfuss, un proche de Patrick Drahi, le grand patron du groupe.