Mediapart installe sa nouvelle structure capitalistique
En juillet dernier, les dirigeants de Mediapart l’avaient annoncé : un été studieux à venir. Studieux, parce que le pure player d’info avait enclenché la mise en place de sa nouvelle structure capitalistique plutôt complexe qui a pour ambition de se prémunir contre de possibles querelles de successions, batailles de pouvoir et autres opérations spéculatives. Dans ce cadre, Mediapart a ainsi annoncé vendredi la création effective du Fonds pour une presse libre (FPL), déclaré à la préfecture de Paris le 14 août et officiellement adoubé par une publication au Journal Officiel le 14 septembre. Dans les faits, la nouvelle structure a pour objet, en tant que fonds de dotation, de « défendre la liberté de l’information, le pluralisme de la presse et l’indépendance du journalisme ; contribuer à la protection du droit de savoir et de la liberté de dire à l’heure de la révolution numérique ; promouvoir un journalisme d’intérêt public, portant des valeurs humanistes, au service du bien commun et de l’égalité des droits, du rejet des discriminations et du refus des injustices ».
Michel Broué préside le FPL
Le FPL a donc tenu sa première réunion qui a dans la foulée intronisé 5 de ses membres choisis « pour leur attachement aux droits fondamentaux et notamment à la liberté et l’indépendance de la presse », les deux autres étant « désignés parmi les salariés de Mediapart dont une journaliste ». Mediapart insistant sur le fait qu’ « aucune personne exerçant une fonction de direction et/ou de gestion au sein de Mediapart ne peut siéger au sein du conseil d’administration du Fonds ». Ainsi, le conseil d’administration du FPL, présidé par le mathématicien et professeur d’université Michel Broué, est-il composé de : Dominique Cardon (sociologue, directeur du MédiaLab de Sciences Po), Stéphanie Chevrier (éditrice, présidente des éditions La Découverte), Christine Lazerges (professeur de droit, ancienne présidente de la Commission nationale consultative des droits de l’homme), François Vitrani (directeur général de la Maison de l’Amérique latine), Renaud Creus et Jade Lindgaard (représentants des salariés de Mediapart).
Parmi les chantiers à venir pour le FPL, une série de priorités « immédiates » ont été mises en avant avec, notamment l’élaboration d’une charte éthique « qui sera son code de conduite dans l’acceptation, la gestion et la répartition des fonds qui lui seront confiés (provenant de dons de citoyens ou d’entreprises, assortis des déductions fiscales prévues par la loi pour les missions reconnues d’intérêt général), mais aussi la constitution d’un comité stratégique, chargé de l’étude préalable des dossiers qui lui seront soumis et de conseiller son conseil d’administration, ou encore le recrutement d’un (ou d’une) directeur (directrice) exécutif (exécutive), avec un statut de salarié permanent. Ainsi que la création d’un site internet, assurant une totale transparence sur l’activité du FPL.
Opérationnel début 2020
Selon Mediapart vendredi, le FPL devrait être opérationnel « début 2020 » alors que, parallèlement, d’ici la fin 2019, le FPL aura créé une Société pour la protection de l’indépendance de Mediapart (SPIM) destinée à « sanctuariser le capital de ce journal, en le rendant incessible, afin de rendre irréversible son indépendance économique », conclut le pure player.