Marc-Olivier Fogiel (BFMTV) : « Nous informons en responsabilité »
Depuis le début de la crise sanitaire, les chaînes d’information en continu tournent à plein régime et engrangent de belles audiences. La première d’entre elles, BFMTV (Groupe Altice), a adapté ses moyens et sa grille pour tenter de se rapprocher des attentes des téléspectateurs. Marc-Olivier Fogiel, directeur général de la chaîne, a répondu à nos questions.
BFMTV, une chaîne d’utilité publique en ce moment ?
Plus que jamais, les Français ont besoin d’information, de mise en perspective. Imaginez-vous : près de 34 millions de Français ont regardé BFMTV la semaine dernière. Entre 6h et midi, c’était la première chaîne de France. Nous informons en responsabilité, en faisant en sorte de ne pas être une caisse de résonance à l’anxiété, au contraire, en étant très factuel, très pédagogique. Evidemment on ne cache rien, mais on ne sur-dimensionne pas.
Quels changements notables dans votre grille ?
Il n’y a plus qu’une seule et même rédaction, plus aucun service, tout le monde au service de l’info « coronavirus ». Nous avons adapté nos tranches. Dans la journée il n’y a qu’un présentateur plutôt que des duos. De nombreuses chroniques : « Made in confinement », « Racontez-nous », « Demandez le programme », et une séquence récurrente « BFMTV vous répond », dans laquelle l’équipe santé de BFMTV répond aux questions de téléspectateurs.
Comment gérez-vous en interne l’épidémie ?
Nous avons dû totalement nous adapter, en faisant alterner les équipes pour qu’elles puissent être en confinement une partie du temps. Nous avons re-modélisé l’organisation de la rédaction, avec ceux qui peuvent être en télétravail. Les reporters ne repassent plus par la rédaction, ils forment des binômes avec leurs JRI et ont du matériel dédié. Des mesures sanitaires très fortes ont été prises dans le bâtiment. Prise de température, gel hydroalcoolique, distances entre collaborateurs et invités en plateau, bonnettes personnelles, etc.
Sur le terrain, comment bien protéger vos reporters ?
Ils ont un micro HF personnel, ils ont des perches pour ne pas être proche des gens interviewés, du papier cellophane jetable pour que les interviewés soient eux-mêmes protégés. Ceux qui sont en contact de malades identifiés ont des masques. Ils sont donc en binômes identifiés de façon à ce qu’ils soient toujours avec la même personne. Le matériel ne tourne pas non plus et est en permanence désinfecté.
Comment les rédactions du groupe Altice (RMC, RMC sport, BFM régions) travaillent-elles ensemble ?
Le groupe est solide et nous bénéficions des troupes des antennes qui soit n’ont plus d’activité (RMC sport) ou une activité réduite. Tous les jours des reporters, JRI, chefs d’édition, producers, bref des forces vives des autres antennes viennent renforcer les équipes de BFMTV. Les antennes se coordonnent.
Vos audiences sont très importantes en ce moment : quelle est la recette ?
Les téléspectateurs ont un contrat de confiance avec la chaîne. Nous tâchons chaque jour d’en être à la hauteur. L’information précise en permanence. Les meilleurs spécialistes. De nombreux angles, nombreux invités, nombreux reportages… le téléspectateur n’a pas une chaîne au rabais. Au contraire, une richesse d’information.
Vous misez sur l’interactivité avec « #QuestionBFMTV » : une façon de lutter plus efficacement contre les fake news qui pullulent en temps de crise ?
Cette crise est évidemment angoissante. Les téléspectateurs se posent des questions de tout ordre : sur la santé, sur l’économie, sur les mesures du gouvernement, etc. Notre rôle est de leur répondre concrètement. Les choses évoluent, les questions évoluent, nous devons donc réactualiser en permanence les choses.
Vous avez lancé un podcast quotidien qui décryptE l’actualité autour du coronavirus : nouvelle manière de rentrer dans le quotidien des Français ?
Nous faisons des podcasts depuis un moment. Aujourd’hui, beaucoup de Français sont des utilisateurs de podcasts. Un groupe comme le nôtre est très présent sur le digital, sur toutes les formes de consommation de l'information.
Un an que vous êtes à la tête de la chaîne : après les gilets jaunes, le coronavirus… Le défi est-il plus grand que prévu ?
J’ai eu dans mon parcours professionnel à couvrir de nombreux événements inédits, les attentats par exemple… C’est sûr que c’est intense, mais c’est dans ces moments-là qu’on sait qu’on n’a pas choisi ce métier par hasard. Le défi est important et passionnant, et je peux m’appuyer sur un collectif fort, uni.
Pour de nombreux médias, les annonceurs se font plus rares, ne veulent pas communiquer dans ce climat anxiogène : vos revenus vont-ils être impactés par cette crise sanitaire ?
Forcément, tous les médias sont impactés par cette crise. Nous avons la chance d’appartenir à un groupe important qui nous permet de faire notre métier sans entrave économique. Il y aura un après la crise.